Manque de « valeurs citoyennes » des jeunes médecins : le Pr Sibilia déplore une « phrase tweetée, reprise hors de son contexte »

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Publié le 02/10/2018

C'était une rencontre très attendue. À la suite de propos polémiques récemment tenus par le Pr Jean Sibilia, président de la conférence des doyens des facultés de médecine, les internes de l'ISNI ont souhaité le rencontrer ce lundi pour débattre sur la démographie médicale. Ce que le médecin a volontiers accepté. 

Ce rendez-vous a permis au Pr Sibilia de revenir sur ses propos qui ont heurté les jeunes. « Si les étudiants en médecine et les jeunes médecins avaient plus de valeurs citoyennes et républicaines et rendaient ce que l'hôpital leur a apporté, on se poserait la question de la répartition des médecins autrement », avait jeté le doyen début septembre. 

Le Pr Sibilia a regretté que son intervention soit résumée à « une phrase tweetée, reprise hors de son contexte ». « J'ai évoqué les valeurs républicaines et citoyennes. Si on arrivait à donner plus de valeur à nos étudiants, alors on pourrait rendre le système de santé plus efficace. Cette affaire est d’autant douloureuse que j’ai été visé personnellement », a-t-il précisé.

Face au doyen, Jean-Baptiste Bonnet, président de l'ISNI, est resté ferme. « Les internes sont des acteurs à part entière. Ils font preuve d'une grande abnégation dans leur travail et ils ne sont pas responsables d'un système à bout de souffle », a-t-il déclaré.

Le Pr Djillali Annane, vice-président de la conférence des doyens, doyen de la faculté de médecine de Versailles-Saint-Quentin, a appelé à dépasser cette polémique. « L'ensemble des professionnels de santé tiennent le système à bout de bras et continue de garantir aux citoyens une qualité de soins. Mais cet effort de plus en plus difficile nécessite qu’il soit reconnu et valorisé », dit-il.

Évaluation de la maîtrise de stage

Évoquant plusieurs sujets d'actualité comme le plan santé avec la mise en place des assistants médicaux, la réforme de la formation initiale ou encore la prise en charge psychosociaux des étudiants, la conférence des doyens et les internes de l'ISNI sont tombés d'accord pour « coconstruire le modèle des assistants médicaux » ou encore pour « financer à 100 % le temps additionnel pour les internes » en stage en ville.

À la fin du débat, les deux acteurs proposent de parler d'une même voix pour réclamer la convergence entre le plan santé et le plan dépendance, pilotés par le ministère de la Santé, le lancement d'une mission IGAS pour évaluer la maîtrise de stage (évaluation du maître de stage, de sa formation, problématique du temps additionnel…) ou encore le décloisonnement interprofessionnel.

« Il faut un décloisonnement entre les différents niveaux de recours médicaux et une réorganisation sur le territoire par une redistribution des tâches entre les professionnels de santé », a expliqué le Pr Annane, sous le regard approbateur des internes de l'ISNI et du président de la conférence des doyens.


Source : lequotidiendumedecin.fr