Les leaders entre satisfaction et fatalisme

Publié le 16/04/2021
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Enthousiastes, déçus ou amers, confortés ou bousculés, les syndicats de médecins libéraux ont commencé à tirer les leçons des élections professionnelles. Des alliances aux négociations conventionnelles, « historiques » et « nouveaux » s'emploient à se projeter.

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Dr Jean-Paul Ortiz*: « Une satisfaction, tempérée par une participation en très forte baisse »

« La CSMF garde le plus grand nombre d'élus et de voix, et reste donc le premier syndicat de médecins. C'est une satisfaction mais elle est tempérée par une participation en très forte baisse pour ce scrutin numérique, dont il faudra améliorer les modalités. Il y a par ailleurs eu un extraordinaire éclatement du syndicalisme médical et cette dispersion n'a pas incité les médecins à s'impliquer. Enfin, les bons résultats des syndicats monocatégoriels traduisent un repli sur soi et une démarche corporatiste. L'heure est peut-être venue d'avoir une réflexion pour porter une voix commune. La CSMF doit être au centre de cette démarche unitaire. »

* Président de la CSMF

 

Dr Jacques Battistoni* : « Ce résultat conforte notre position »

« Malgré un taux d'abstention élevé, MG France remporte une large victoire dans le collège des généralistes. Ce résultat conforte notre position qui est à la fois de revendication et de construction avec les pouvoirs publics. Cette élection passée, on va reprendre le travail. La feuille de route est toute tracée ! Devant nous, trois négociations importantes vont reprendre dont l'avenant 9 à la convention médicale qui était en quelque sorte le « Ségur de la médecine de ville ». Or, l'un des points de blocage de cet avenant a été la faiblesse de l'enveloppe allouée pour revaloriser les visites à domicile. Nous voulons maintenant obtenir les revalorisations qui sont attendues par les médecins. »

 * Président de MG France

 

Dr Jérôme Marty* : « Nous voulons être l'étincelle »

« On gagne notre représentativité, c'est une bonne chose car cela va nous permettre de participer aux négociations conventionnelles et de porter nos idées. Nous voulons être l'étincelle pour dire que la récréation est terminée. Il y a deux enjeux. Au niveau régional, l'UFML-S regardera si on peut faire alliance pour participer au bureau dans certaines régions comme les Hauts-de-France ou PACA. Mais attention, il n'y aura pas d'alliance juste pour faire des alliances. Au niveau national, nous allons regarder de très près les propositions des négociations conventionnelles à venir. Si on s'aperçoit que les dispositifs amènent plus de travail administratif aux médecins, alors on ne signera pas d'accords. »

* Président de l'UFML-Syndicat

 

Dr Philippe Cuq* : « Notre objectif est atteint »

« Malgré une participation faible, notre objectif est atteint. Nous sommes très heureux et satisfaits d'être le premier syndicat de spécialistes, cela conforte le positionnement d'Avenir Spé-Le BLOC et la stratégie initiée depuis dix ans avec la création du BLOC. On va désormais regarder les scores de plus près, par région, pour ensuite se mettre au travail. Je constate l'échec lourd des centrales polycatégorielles, qui était malheureusement prévisible, et l'émergence de l'UFML, qui l'était tout autant. Cette dernière a porté un discours rebelle qui a trouvé un écho auprès des médecins libéraux, échaudés par les failles de la crise sanitaire. »

* Avenir Spé-Le BLOC

 

Dr Philippe Vermesch* : « Il faut envisager le rapprochement avec un autre syndicat »

« C'est une défaite et on l'assume. Nous sommes déçus car nous avons fait une belle campagne et avons tout donné. Mais notre score dans le collège des généralistes (9,46 %) pose la question de notre représentativité et nous reste vraiment en travers de la gorge ! Cette élection prouve que les URPS n'ont pas fait leur boulot car si elles avaient prouvé leur utilité, les médecins auraient davantage voté ! Il y a une balkanisation du syndicalisme médical et l'attrait de nouveaux syndicats comme l'UFML, dont le programme n'est pas très différent de celui du SML. Nous allons essayer de revoir les choses pour l'avenir. Il faut envisager le rapprochement avec un autre syndicat. »

* Président du SML

 

Dr Corinne Le Sauder* : « Chacun veut défendre ses billes »

« Ces résultat rebattent les cartes du paysage syndical. Pour nous, il s'agit d'aller de l'avant. C'est bien d'avoir de nouvelles têtes, cela permet de prendre langue avec tout le monde. Mais il faut savoir vers quoi on va évoluer. On a besoin de toutes les spécialités. Je trouve dommage qu'avec le monopro, chacun veuille défendre ses billes ! Nous, nous sommes pour l'unité syndicale. Et pour être force de proposition, il faut de l'écoute. On a beaucoup bougé en quelques mois mais notre avenir passe par la féminisation et le rajeunissement de nos troupes. J'espère que la médecine de ville restera libérale, une médecine agile et de terrain, qui ne soit pas étatisée. Cinq ans, c'est vite passé. »

* Présidente de la FMF

 

Dr Meyer Sabbah* : « Pas si décevant »

« On ne peut pas vraiment être satisfaits de ces élections puisque nous n'avions pu présenter que deux listes, alors qu'en 2015 nous étions dans huit régions. Nous avons eu très peu de temps pour nous préparer après que le Conseil d'État nous a finalement autorisés à participer. Malgré un taux de participation ridicule et une procédure de vote numérique compliquée, notre résultat en PACA (6 sièges sur 60) n'est pas si décevant ! En revanche, j'ai signalé des irrégularités à la commission nationale de vote électronique (CNVE) car il y a eu de la propagande pendant la semaine de vote, et des propos diffamatoires tenus à mon encontre et celui du syndicat. » 

* Président de l'Union collégiale

 

Emanuel Loeb* : « Nous sommes à la fin d'un système »

« C'est un moment historique ! Nous avons eu le courage de nous confronter aux organisations syndicales chez les libéraux. Jeunes Médecins est ainsi le seul syndicat à avoir des élus à la fois chez les hospitaliers et les libéraux. C'est le début d'un mouvement de fond pour sortir du clivage médecine hospitalière/médecine de ville. J'espère que ce scrutin sera un électrochoc pour les prochaines élections aux URPS. Nous sommes à la fin d'un système : on ne voit pas de renouvellement générationnel dans les autres structures. Mieux vaut commencer bas pour monter haut. Et notre avenir est radieux parce que nous sommes jeunes ! »

* Président de Jeunes Médecins

 

 

 

 

 


Source : Le Quotidien du médecin