Assistants médicaux : la dernière séance de négo sera décisive

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Publié le 15/04/2019
Siège de la Cnam

Siège de la Cnam
Crédit photo : GARO/PHANIE

Après trois mois de négociations conventionnelles, les syndicats de médecins libéraux et l’Assurance maladie ont rendez-vous une ultime fois mercredi pour parvenir à un accord sur les assistants médicaux.

Si les organisations de médecins libéraux ont obtenu mercredi dernier de la CNAM qu’elle finance un poste d’assistant pour deux médecins, des points de blocage subsistent et devront être résolus avant d’envisager une signature de l’avenant conventionnel. Le président des Généralistes-CSMF, le Dr Luc Duquesnel, estime ainsi que le dernier projet d’avenant présenté « est encore très loin du compte » malgré des progrès. Le généraliste de Mayenne maintient que le seul modèle qui vaille est celui d’un assistant médical pour un médecin. « Rien ne prouve que d’avoir un assistant pour deux ou trois praticiens permettra d’atteindre les objectifs fixés par la caisse en termes de patientèle », souligne-t-il. « Il y a aussi la problématique immobilière à prendre en compte, relève le Dr Duquesnel. On ne va pas modifier nos cabinets en profondeur pour quelqu’un qui ne passera que 12 ou 17 heures dans nos cabinets par semaine. Ce n’est pas cohérent. »

Satisfait de voir la caisse accepter de financer un assistant pour deux médecins, le Dr Philippe Vermesch, président du SML, regrette en revanche que la Cnam n'ait pas consenti à un effort financier supplémentaire. « 21 000 euros sur un an (à répartir entre les médecins employeurs, ndlr) ce n'est pas énorme. D'autant qu'il y a quand même une réticence des médecins à recruter ».

Encore trop de contraintes

Le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, reconnaît lui aussi des progrès. « On voit bien que ça s’assouplit, on évolue doucement », dit le généraliste clamartois. « Mais on a rappelé à Nicolas Revel (directeur général de la Cnam) que les médecins ont besoin de personnels sans avoir de contraintes supplémentaires », note-t-il.

L’obligation de participer à une CPTS — ou à ses missions — quand il en existe une sur le territoire ne passe pas auprès des libéraux. Si cette condition était maintenue par l’Assurance maladie, les patrons des Généralistes CSMF et de la FMF assurent qu’ils ne signeraient pas l’avenant.

Source de tensions au début de la négociation, la question de l’agrandissement de la patientèle médecin traitant en contrepartie du financement d’un assistant n’est pas encore tout à fait réglée. « Dans les territoires où il n’y a pas de problème d’accès aux soins, les objectifs fixés par la caisse sont inatteignables. Les médecins risqueraient donc de perdre de l’argent », fait valoir le Dr Duquesnel. « Ce qu’il faut c’est redonner de l’attractivité à la médecine libérale. Pour cela il faut permettre aux praticiens de travailler avec du personnel », lance le Dr Hamon.

Pas de « course au volume »

L’URPS Île-de-France, qui avait créé trois groupes de travail, regroupant 21 généralistes franciliens chargés de définir les missions d’un assistant, s’oppose à la « course au volume ». « Les médecins ne souhaitent pas pour la majorité augmenter le nombre de leurs consultations, mais veulent pouvoir consacrer plus de temps à leurs patients », souligne l’URPS. « Faire plus d'actes n’est pas la priorité », estime aussi le Dr Philippe Vermesch, président du SML. « Les assistants doivent permettre une meilleure prise en charge des patients mais pas d’en prendre plus », abonde le Dr Duquesnel.

Pour le Dr Jacques Battistoni, président de MG France, de nombreux points restent donc « à éclaircir » avant une éventuelle signature. Depuis le début, le généraliste plaide pour un dispositif qui soit le plus lisible possible afin de pouvoir « en assurer facilement le service après-vente auprès de nos confrères ».

Une fois la séance de mercredi terminée, les syndicats soumettront la proposition définitive de l’Assurance maladie à leurs adhérents. « Il reste beaucoup de travail » avant une éventuelle signature, indique le Dr Duquesnel. « En l'état, cela m'étonnerait qu'on signe », prévient quant à lui le Dr Hamon.


Source : lequotidiendumedecin.fr