Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S

« Les médecins sont lassés du bricolage avec les forfaits et délégations de tâches »

Publié le 31/10/2022
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En priorité

« Notre priorité, c’est le C à 50 euros. Mais je sais déjà que nous ne l’obtiendrons pas ! Nous ne signerons rien en l’absence de cette revalorisation. Personne ne peut croire aujourd’hui que les conventions médicales sont un partenariat entre l’Assurance maladie et les syndicats. C’est une tutelle à laquelle nous sommes assujettis ! Le cadre devrait être défini par les deux parties. Les médecins n’en peuvent plus du bricolage avec les forfaits, les délégations de tâches, etc. C’est du pipeau émanant de types travaillant dans des bureaux, qui ne connaissent rien à la réalité du terrain ! La profession de médecin généraliste est complexe : la preuve en est, une année supplémentaire va être ajoutée à la formation. Pourtant, le gouvernement prétend que tout le monde peut l’exercer, que ce soit des infirmiers ou des kinésithérapeutes ! Et les sept Ordres réunis affirment que pour traiter les 650 000 personnes sans médecin traitant en affection longue durée (ALD), il faut que les généralistes traitent les maladies chroniques, et les autres professionnels, le reste. Mais plus de 80 % de l’exercice, c’est le reste ! Pour eux, le chronique a remplacé l’aigu. C’est faux : il s’est ajouté ! Depuis 2015, je n’ai jamais vu une telle colère. Les médecins ont l’impression qu’on leur vole la moitié de leurs actes. »

Points de vigilance

« J’espère que l’amendement du PLFSS concernant le remboursement des indus par extrapolation ne passera pas. Thomas Fatôme le défend et aimerait le mettre en place. Mais je ne peux pas discuter avec quelqu’un qui me braque avec un canon scié sous la table ! C’est ça, la fondation d’un partenariat pour l’avenir de la médecine générale ? Allons ! C’est un calcul bizarre. S’il me dit qu’il le mettra en œuvre, je quitterai les négociations. »

« Face aux difficultés d’accès aux soins, comment se fait-il que les médecins soient partis ? Comment fait-on pour qu’ils reviennent ? Personne ne se pose ces questions au gouvernement. Ils se disent : "Je vais boucher le trou avec d’autres professionnels de santé", ce qui s’entend si on ne peut rien faire d’autre à court terme, mais à long terme, que fait-on ? On ne résout pas le problème de fond, à savoir l’attractivité du métier ! »


Source : Le Généraliste