Plus de 3 000 signatures : sur la maternité, les médecins remplaçantes témoignent de leur désarroi

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Publié le 11/03/2017
Congé maternité

Congé maternité
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

"Oubliées" par l'avenant conventionnel sur l'avantage maternité, les médecins remplaçantes ont décidé de donner de la la voix. En quelque jours, elles sont en effet plus de trois milliers à avoir signé une pétition pour protester. La semaine dernière, l’avenant conventionnel sur l’avantage supplémentaire maternité (ASM) a en effet été signé. Un avenant qui permet aux femmes médecins de toucher une allocation maternité pendant trois mois au maximum. Mais encore une fois les remplaçants sont mis de côté. Une situation que dénonce une nouvelle fois ReAGJIR : "Les remplaçants sont aujourd’hui victimes d’une méconnaissance de leur statut, et d’un manque de considération", martèle le syndicat qui les représente.

L’organisation rappelle que la population des remplaçants est composée à 70% de femmes avec un âge moyen de 31 ans. « Les remplaçantes sont souvent de jeunes professionnelles avec un projet familial qui aimeraient pouvoir mener une grossesse sereine pour pouvoir se concentrer sur leur exercice et leur future installation » explique Sophie Augros, sa présidente. Selon elle, il y a aussi un vrai risque pour l’avenir de la profession : « Écarter les remplaçants de ces négociations ou, plus largement, ne pas chercher à améliorer leur prévoyance est le meilleur moyen de détourner les jeunes générations de l’exercice libéral ».

Pour communiquer sur ce qu’il considère comme une injustice, ReAGJIR a également décidé de lancer une pétition. Près de 3 300 personnes ont déjà signé le texte. Beaucoup de remplaçantes ou futures remplaçantes directement concernées par le texte en sont notamment signataires. Et les commentaires lâchés à cette occcasion en disent long sur le désarroi des jeunes femmes. Telle Charline Duchossoy qui écrit par exemple « Je suis une jeune femme interne qui recule le moment d'avoir un enfant à cause de ce genre de discrimination !! Ça fait peur de ne pas être correctement protégée par la Sécurite Sociale, alors qu'on voue je ne sais combien d'heures de notre vie professionnelle et même personnelle pour le système de soin !! ». Marion Dumont, elle aussi s’inquiète de cette situation, « je suis une femme, je suis médecin généraliste, j'ai un désir de grossesse mais je sais que je ne pourrais pas m'arrêter en cas de complication (…) ».

Cette discrimination en pousse certaines à préférer le salariat au libéral, c’est notamment le cas de Marion Arnoult : « je suis concernée directement en tant que remplaçante avec désir de grossesse à court terme. Je m'engage prochainement dans un salariat ... au-delà de l'intérêt propre à mon futur poste, l'absence de congés maternité en libéral a aussi été discriminante dans mon choix et ce malgré un fort attachement à la médecine générale ... en espérant y revenir plus tard si les conditions sont réunies ... ». Même situation, même constat pour Carolane Michel « Je signe car dans 8 mois j'aurai fini mon internat et je ferais probablement le choix de travailler deux années dans un service hospitalier afin d'avoir une première grossesse dans de bonnes conditions (…) ».

Les signataires de la pétition dénoncent aussi l’hypocrisie de cette exception, comme l’explique Stéphanie Samain « En effet, la majorité des médecins qui sont en congé maternité sont des médecins remplaçantes. On sait tous que c'est compliqué de partir en congé maternité une fois installée. De plus, pourquoi discriminer les remplaçantes qui ont bien souvent un salaire moindre que les médecins installées ? »

Au-delà des premières concernées, la pétition a aussi été signée par des collègues solidaires, des conjoints, membres de la famille ou amis de médecins ainsi que par des généralistes qui ont connu la même situation quand elles ont débuté. A l’image de Marie-Rose Le Manach : « J'ai moi-même été médecin libéral, enceinte pendant mon exercice libéral entre 1977 et 1981 et que je n'avais bénéficié d'aucun congé maternité. 35 ans après, ma fille, médecin généraliste, est dans le même cas !! »

 


Source : lequotidiendumedecin.fr