Reprise des négos sur les assistants : après la colère des médecins, la Cnam prête à revoir sa copie

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Publié le 20/02/2019
Négos

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Les syndicats avaient rendez-vous ce mercredi au siège de l’Assurance maladie pour une troisième séance de négociation sur les assistants médicaux. Après avoir quitté la précédente séance pour dénoncer l’approche « trop productiviste » de la Cnam, les syndicats de médecins libéraux étaient venus avec leurs contre-propositions, élaborées la semaine passée lors d’une réunion intersyndicale. L'ordre du jour initial de la séance sur les missions et les profils des assistants a été reporté pour permettre aux négociateurs de reprendre langue et d'étudier les propositions des médecins.

Fermement opposés au conditionnement du financement de postes d'assistants à une augmentation chiffrée du nombre de consultations, les syndicats proposent en contrepartie de cette aide l’augmentation de la patientèle médecin traitant pour les généralistes (modulable pour les praticiens en ayant déjà une très importante) ou de la file active de patients pour les spécialistes. Ils souhaitent également que l'exercice coordonné « sous toutes ses formes » permette l'accueil d'un assistant médical.

Certaines ambiguïtés ont été levées, selon la Cnam

Cette séance, qui s'est déroulée dans une ambiance apaisée, a été l'occasion de lever « certaines ambiguïtés », a indiqué Nicolas Revel à l'issue de celle-ci. « Notamment sur la contrepartie attendue pour les médecins généralistes », a précisé le directeur de la Cnam.

Le DG a ainsi accueilli favorablement le souhait des syndicats de conditionner le financement des postes d'assistants à une extension de la patientèle médecin traitant.

Selon Nicolas Revel, il a également été « clairement acté » que la contrepartie au financement ne serait pas la même en fonction de la taille des patientèles. Ainsi, un médecin avec une patientèle largement supérieure à la moyenne pourrait ne pas avoir à l'agrandir. « Nous avons plaidé pour le maximum de souplesse (...), le but quand on a déjà beaucoup de patients, c’est surtout de pouvoir continuer à exercer », observe le Dr Jacques Battistoni, président de MG France.

La prise en compte du nombre de patients vu sur une année a également été évoquée lors de cette séance. « C'est très intéressant, s'est réjoui le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. Nicolas Revel nous a expliqué que les généralistes ne sont pas le médecin traitant de 43 % des patients qu'ils voient dans l'année. »

Des propositions précises sur le financement début mars

De son côté, le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, regrette la lenteur des négociations. « On a passé beaucoup de temps en réunion mais on n'aborde pas le concret. J'ai l'impression que la caisse gagne du temps, confie-t-il. « On ne s’en sort pas parce qu’ils ne mettent pas le paquet. On dirait que la France croule sous le nombre de médecins. Les Français ne trouvent plus de médecin traitant, et là on prend notre temps… »

« Il y a encore pas mal de chemin à faire, estime quant à lui le Dr Jacques Battistoni. Mais on peut espérer trouver un terrain d’entente ». « Il y a eu une tentative de compréhension mutuelle », a-t-il salué.

Si la question du financement global des postes d'assistants médicaux a été abordée mercredi, la Cnam n'a formulé aucune proposition définitive. Un financement de l'ordre de 35 000 euros « chargés » a été évoqué. Mais pour les syndicats, il est nécessaire de prendre en compte la contrainte immobilière. « Il faudra ajouter à cette somme la problématique du loyer et des charges que suscitera l'emploi d'un assistant », souligne le Dr Duquesnel. Nicolas Revel a indiqué que la caisse formulerait des propositions chiffrées lors de la prochaine séance de négo, prévue le 7 mars.

« La balle est dans le camp de l’Assurance maladie, on attend de voir les propositions chiffrées, on espère qu’elles seront acceptables et pas trop contraignantes », confie le Dr Battistoni. De son côté, le Dr Hamon se montre assez pessimiste. « Je suis inquiet car Nicolas Revel n'a pas cédé, il associe quand même assistant médical et production », conclut-il.

Deux nouvelles séances ont été ajoutées au programme des négociations. L'ultime séance est prévue le 17 avril.

[Article mis à jour le 21 février à 12 h 00]


Source : lequotidiendumedecin.fr