Proposition chère à MG France, l’extension du forfait médecin traitant qui devrait être inclue dans les grandes orientations de la future loi de santé publique, est loin de faire l’unanimité. Pourtant, il y a quelques mois, lors du Congrès de MG France en novembre à Marseille, alors que la ministre de la Santé avait explicitement donné son feu vert pour la mise en route du forfait médecin traitant de l’enfant, personne n’avait vraiment trouvé à y redire.
Depuis, les pédiatres, inquiets se sont « réveillés ». Dans un communiqué publié la semaine dernière, le Conseil National Professionnel de Pédiatrie (CNPP) dénonce le dispositif qui est en train de se mettre en place : « Les parents doivent garder le libre choix de consulter un pédiatre ou un médecin généraliste, en fonction des besoins de leur enfant et des disponibilités des professionnels de proximité », martèle le CNPP. Ils ont également appelé les Français à venir témoigner de leur soutien sur le site Jaimemonpediatre.com et sur Facebook et Twitter.
« Un cadeau clientéliste »
Au SML, on défend la position du CNPP. Son président, Roger Rua, qui n’est pas favorable à cette mesure, considère que les parents doivent « avoir le libre choix ». « C’est un cadeau clientéliste de cinq euros demandé au ministère. Une perversion du forfait médecin traitant », s’exclame-t-il. Le généraliste de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) y voit beaucoup de ressemblances avec « le système par capitation » dont « le SML ne veut pas ».
Une position radicale que l’on ne retrouve pas chez les autres syndicats polycatégoriels. « Je ne comprends pas pourquoi les pédiatres réagissent ainsi », lâche le président de la FMF, Jean-Paul Hamon qui estime qu’ « il n’y a pas lieu de réveiller la guerre avec les spécialistes » car les pédiatres pourraient également bénéficier de la rémunération issue de forfaits.
L’UNOF – la branche généraliste de la CSMF – n’est pas non plus « opposée » au forfait médecin traitant pour les moins de 16 ans mais à certaines conditions. Son président, Luc Duquesnel, demande qu’un « véritable plan de santé public pédiatrique » soit mis en œuvre et qu’on y intègre la prévention. Les liens entre généralistes, pédiatres et PMI devront également être assurés. Comme la branche spécialiste de la CSMF – Umespe –, il souhaite, par ailleurs, que pédiatres comme généralistes puissent toucher ce forfait et que le hors parcours ne soit pas pénalisant financièrement pour les parents de l’enfant. « Aujourd’hui, il y a des ruptures dans le parcours de l’enfant qui portent préjudice à sa prise en charge. Profitons de cette mesure pour améliorer son suivi », propose Luc Duquesnel.
Trouver un terrain d’entente entre les pédiatres et les généralistes, c’est aussi la position défendue par MG France à l’origine de ce dispositif, qui s’est, depuis le début, défendu de vouloir exclure les pédiatres du statut de médecin traitant. « Nous avons besoin de nous organiser entre professionnels de santé dans la prise en charge de l’enfant », explique le président du syndicat. Pour autant, Claude Leicher défend une nouvelle vision des rapports généralistes-pédiatres : la nouvelle génération de pédiatres qui arrive en ville hyper-spécialisée (gastro-pédiatre, neuro-pédiatre...) est nécessaire au généraliste selon lui. « Nous n’avons pas besoin de pédiatres médecin traitant de l’enfant mais de spécialistes consultants ».
D’autres priorités
Mais, pour le SML, le problème est ailleurs. Il y a d’autres priorités, notamment la revalorisation de la consultation qui, à 23 euros, est « un mépris total du généraliste ». « Le SML se refusera à discuter toute proposition qui ne soit pas une réévaluation du C », a précisé Roger Rua. Même constat sur ce point du président de la FMF qui regrette que le ministère « gagne du temps » avec ce genre de mesure. Le Dr Hamon plaide en faveur de la création d’un forfait structure plutôt que de « mini-forfaits ». « Cinq
euros par an et par enfant, ce n’est pas ça qui va changer la vie du médecin généraliste ! » à l’heure des restrictions budgétaires avec un Ondam toujours plus serré, la ministre de la Santé ne pourra pas contenter tout le monde…
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