ROSP : Hors forfait structure, les omnipraticiens ont perdu 36 % de leur prime, observent les Généralistes-CSMF

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Publié le 18/05/2018
Dominos

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Après la surprise et l'amertume, la colère. Les médecins généralistes ont connu une réelle baisse de leur rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP). Selon l'Assurance maladie, les généralistes et MEP ont touché 4 522 euros au titre de la ROSP clinique pour 2017. Il faudra cependant attendre un peu pour comparer les résultats de la ROSP perçue cette année à ceux de l'an dernier puisque le volet organisation est désormais isolé dans le forfait structure qui sera versé en juin. Les praticiens connaîtront aussi alors la ROSP du médecin traitant de l'enfant, qui n'existait pas auparavant, et les résultats du Forfait patientèle médecin traitant, lui aussi modifié depuis la convention 2016. Mais les généralistes redoutent sérieusement d'être loin du montant global de 6 983 euros qu'ils avaient touché en moyenne l'an dernier.

Coup sur la tête

Selon l'Observatoire des Généralistes-CSMF, qui a recueilli plus de 400 réponses, les médecins de famille ont déclaré avoir perdu en moyenne 36 % entre leur prime globale versée en 2017 et la ROSP clinique touchée en 2018. « Les médecins ont pris un coup sur la tête, personne ne se retrouve pas dans les chiffres et beaucoup de praticiens relèvent des erreurs sur des items », explique le Dr Julie Mazet, secrétaire générale des Généralistes-CSMF. De l'avis de la syndicaliste, la barre de la nouvelle ROSP a été placée trop haut. Certains indicateurs sont selon elle inatteignables comme les dépistages du cancer du sein, du col, du côlon. « C'est une très grosse déception, ajoute la syndicaliste. Les médecins sont prêts à faire de la prévention mais comment voulez-vous les encourager avec des indicateurs aussi durs ? La ROSP a refroidi tout le monde. »

La confiance avec l'Assurance maladie mise à mal

Ces résultats posent surtout, selon le Dr Mazet, la question des relations de confiance avec l'Assurance maladie. « Le patron de la CNAM, Nicolas Revel, après avoir été interrogé, nous a assuré que le montant distribué était le même qu’en 2017 (NDLR : 240 millions d'euros pour l'ensemble des généralistes) et que la clause de sauvegarde de la convention a bien été appliquée…nous attendons encore de trouver des médecins qui aurait eu une ROSP en hausse ! », ironisent les Généralistes-CSMF dans leur newsletter.

Cette clause de sauvegarde introduite dans la convention de 2016 était censée limiter la casse la première année de la ROSP nouvelle formule ; la baisse du montant global versé aux généralistes ne devait pas excéder 10 % en 2018 par rapport à 2017. Or, cette clause s'applique collectivement et non à titre individuel, les généralistes s'estiment dupés. « Les médecins ne peuvent pas vérifier les chiffres et il leur est très difficile d'avoir individuellement des informations », explique le Dr Mazet.

L'Assurance maladie s'est engagée à ouvrir des négociations pour aménager la ROSP et éviter de nouvelles mauvaises surprises. Selon la syndicaliste, pragmatique, il y a urgence. « Pour cette année, la messe est dite. Il faudra impérativement revoir les objectifs pour que les médecins impliqués dans les bonnes pratiques et la prévention soient valorisés. »

Une rémunération trop complexe

Selon la jeune généraliste, cet épisode illustre la complexification de la rémunération des médecins, devenue peu lisible avec la multiplicité des versements à la capitation. De quoi renforcer la méfiance de la profession face au gouvernement qui souhaite étendre la dispense d'avance de frais. « Le tiers payant intégral pour tous, jamais, conclut le Dr Mazet. On le voit bien, quand le payeur a la main, il fait ce qu'il veut ! »


Source : lequotidiendumedecin.fr