Coronavirus : des internes enjoignent Macron d'imposer un confinement total

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Publié le 19/03/2020

Les scientifiques sont chaque jour plus nombreux à réclamer une prolongation du confinement de la population pour endiguer l'évolution de l'épidémie de coronavirus. Mardi, le Dr Rémi Salomon, président de la CME de l'AP-HP, et le Pr Philippe Juvin, chef du service Urgences de l’hôpital Pompidou avaient demandé que cette mesure de distanciation sociale excède les 15 jours annoncés par le président de la République.

Ce jeudi, ce sont Santé publique France et le Pr Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique chargé d'éclairer les autorités sur la gestion de cette crise sanitaire, qui ont laissé entendre que le confinement pourrait s'étirer bien plus longtemps que la durée annoncée.

Fini les demi-mesures

Mais des voix s'élèvent pour réclamer des règles plus dures encore.

Mercredi, le syndicat Jeunes Médecins demandait au président de la République de prendre des « mesures fortes et sans ambiguïté » en annonçant un « confinement total et impératif de toute la population ».

Ce jeudi, l'Intersyndicale national des internes (ISNI) exhorte Emmanuel Macron à imposer le « confinement total de la population ». « Vous devez cesser les demi-mesures et les discours équivoques, écrit le syndicat dans un appel au chef de l'État rendu public. C’est un confinement total et absolu de l’ensemble de la population dont nous avons besoin, à l’instar des mesures déployées en Chine. » Le syndicat souligne que ne devraient plus être autorisées « aucune sortie, aucun contact interpersonnel extérieur au foyer ». Les internes réclament « l'arrêt strict de toutes les entreprises non vitales, des transports en commun, ravitaillement des familles au domicile par des personnels protégés intégralement et avec des masques FFP2 ».

Pas de place en réanimation pour tous

Indépendamment des effectifs insuffisants de personnels à l'hôpital, « le matériel manque dans tous les services, affirme l'ISNI. Les masques sont manquants ou rationnés conduisant les soignants à utiliser parfois des masques en tissu cousu main, des masques chirurgicaux non protecteurs, de ne les changer qu’au plus 2 ou 3 fois par jour ce qui est propice à l’auto-contamination. »

Devant l'augmentation du nombre de patients infectés accueillis dans les établissements hospitaliers, l'ISNI tire la sonnette d'alarme. « Il n’y aura pas de places en réanimation pour tous les patients graves quel que soit leur âge, assure le syndicat : les médecins devront faire des choix humainement très difficiles. Les jeunes en bonne santé présentent des formes mortelles. A l’heure où nous écrivons, plus de 900 personnes COVID+ occupent des lits de réanimation alors qu’il n’y en a que 5000 dans tout le pays. »

Restez chez vous !

Au rythme où progresse l'épidémie, les internes redoutent que les services de réanimation soient rapidement saturés, comme cela commence à être le cas dans le Grand Est.

Le syndicat réclame par ailleurs le « dépistage massif de toute la population ». S'ils se disent reconnaissants des marques de manifestation des Français qui applaudissent chaque soir depuis leurs fenêtres les professionnels de santé engagés contre le coronavirus, les internes invitent leurs concitoyens à ne plus sortir. « Restez chez vous : c’est le modeste prix à payer pour enrayer l’épidémie, affirme l'ISNI en conclusion de son courrier. Nous vous sauvons, sauvez-nous. »

Article mis à jour à 17h30


Source : lequotidiendumedecin.fr