Déserts : les médecins des Hauts-de-France remettent en cause le nouveau zonage

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Publié le 04/01/2019
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Après l'Occitanie, c'est au tour des médecins des Hauts-de-France de pointer du doigt la nouvelle méthodologie pour déterminer les territoires sous denses. Les instances régionales ont bouclé le 13 décembre dernier leurs travaux d'identification des Zones d'Intervention prioritaires (ZIP) et des Zones d'action complémentaires (ZAC) et ceux-ci font déjà débat chez les médecins locaux. Ces territoires sensibles sont déterminés grâce à l'indicateur d'Accessibilité potentielle localisée (APL), qui prend en compte le temps d'accès au praticien, le nombre de consultations de chaque médecin ou encore la demande de soins par rapport à l'âge des habitants. 

D'après les calculs du nouveau zonage, les communes situées en zone d'intervention prioritaire (ZIP) dans les Hauts-de-France concernent seulement 8,3 % de la population régionale (liste des communes ici). Un taux relativement faible puisque la moyenne nationale s'élève à 18 % de la population. Selon les médecins libéraux de l'URPS Hauts-de-France, ce nouveau calcul « n'est pas à la hauteur des problématiques tant en termes de désertification médicale que de réponse aux besoins de santé ». Les nordistes enregistrent le taux le plus faible de France après la région PACA (3,8 % de ZIP) et l'Occitanie (6,2 % ZIP) « alors que les Hauts-de-France sont dans le peloton de tête en termes de morbimortalité », défend l'URPS.

Seuls 8,3 % de patients concernés

En Occitanie, les médecins de la commune de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) ont déjà lancé une pétition en octobre dernier pour dénoncer, eux aussi, le nouveau zonage qui les excluait des ZIP. Les praticiens ont eu finalement gain de cause auprès de l'ARS. Alertée, l'Agence régionale des Hauts-de-France a pour sa part obtenu un décret dérogatoire afin de pondérer les indicateurs nationaux en intégrant des indicateurs de mortalité prématurée évitable. Pour les médecins de l'URPS, cela n'est pas suffisant. Ceux-ci demandent que les pourcentages de population concernée par les ZIP et les ZAC soient revus à la hausse, « afin de prendre en compte les réalités » de terrain.

Le Dr Pierre-Marie Coquet, généraliste installé à Maubeuge et membre de l'URPS, juge ce zonage « injuste et ridicule » et explique ce faible taux par un mauvais calcul statistique. « De nombreux médecins dans les Hauts-de-France sont en excédent de consultations à cause de la baisse de la démographie, ce qui a pu fausser le calcul de l'APL », confie-t-il. Selon le généraliste, il est important que les instances régionales réagissent vite. L'enjeu est en effet important à plus d'un titre. Les médecins peuvent notamment bénéficier d'avantages lorsqu'ils s'installent en zones sous-denses. « Le zonage est fixé pour deux ans, il n'est donc pas éternel, mais quand on connaît les difficultés que nous avons sur le terrain, il faut appliquer dès que possible un droit d'exemption dans certaines zones oubliées », demande le Dr Coquet.


Source : lequotidiendumedecin.fr