Le Dr Michaël Rochoy, généraliste à Outreau, en avait pris son parti. Il serait frappé d’une interdiction d’exercice de deux semaines, du 1er au 15 novembre 2023, pour avoir consulté le statut vaccinal contre le Covid-19 du président Emmanuel Macron à deux reprises, en juillet puis en août 2021. Ainsi en avait décidé mi-septembre la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins des Hauts-de-France.
L’affaire semblait close pour ce médecin de famille de 36 ans… mais la voici relancée. L’Ordre des médecins, au niveau national cette fois, vient de faire appel de la décision rendue le 18 septembre par l’instance départementale, estimant nécessaire « qu’une sanction plus importante soit prononcée à l’encontre » du Dr Rochoy, au motif que ce dernier, par ses agissements, « a porté atteinte à l’intimité de la vie privée » (du président de la République). Une décision qui surprend fortement le principal intéressé, d'autant que le délai des 30 jours imparti pour faire appel lui semblait dépassé…
Double peine
« J’ai découvert hier (mercredi 25 octobre, NDLR) à mon cabinet un avis de lettre recommandée avec accusé de réception en allant récupérer des vaccins avant d’entamer mes visites du matin. Je suis allé la chercher à La Poste », confie le Dr Rochoy au Quotidien. Et le praticien ne fait pas mystère de sa surprise. « La lettre envoyée m’informant de ma sanction était datée du 18 septembre. N’ayant rien reçu le 17 octobre de la part de l’agence régionale de santé, du ministre ou de quiconque pouvant faire appel, je pensais que la question était close et m’apprêtait à effectuer mon interdiction de 15 jours d’exercice. J’en avais déjà informé mes patients », poursuit le Dr Michaël Rochoy. Qui doit désormais faire face à une forme de double peine. En substance, la procédure d’appel de l’Ordre « à titre conservatoire » maintient le principe de la sanction. Mais sa sévérité devra être (re)déterminée lors d’une prochaine réunion plénière de l’institution ordinale dont la date est inconnue.
Épée de Damoclès
Une décision sous forme d'épée de Damoclès pour le Dr Rochoy, qui, dans les faits, ne pourra pas non plus exercer entre le 1er et le 15 novembre. « La sanction initiale est levée du fait même de l'appel de l'Ordre. Je pourrai donc théoriquement exercer pendant les deux premières semaines de novembre », relève le généraliste. À ceci près que la caisse primaire de Calais dont il dépend lui a déjà fait part, fin septembre, de son déconventionnement entre la période du 1er et du 15 novembre à minuit.
Ce jeudi, le Dr Rochoy préférait prendre la situation, un peu ubuesque, avec philosophie. « Je vais regarder ces 15 jours d’arrêt comme des congés ! J’ai plein de choses à faire. Je vais me consacrer à des activités universitaires et suivre mes directions de thèses et surtout privilégier ma vie de famille, c’est encore les vacances scolaires pour les quatre-cinq premiers jours de mon interdiction », confie, plutôt serein, le généraliste d’Outreau. En attendant le prochain recommandé…
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre