« Il va y avoir des morts » : des médecins de Gironde manifestent pour réclamer des mesures d’urgence contre la désertification médicale

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Publié le 28/07/2023

Crédit photo : Phanie

C’est une nouvelle illustration du sentiment d’abandon ressenti par les généralistes confrontés sur le terrain à la pénurie médicale. Demain, samedi 29 juillet, les médecins et l’ensemble des professionnels de santé de la région de Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) manifesteront aux côtés de leurs patients pour alerter et interpeller l’ARS Nouvelle-Aquitaine et les pouvoirs publics sur leurs difficultés. Le journal « Sud Ouest » s’en est fait l’écho dans son édition en ligne.

À la fin de l’année, quatre des treize médecins installés sur le territoire baisseront le rideau de leur cabinet, soit pour prendre leur retraite soit pour s’exiler. « Ce sont plus de 3 000 patients qui vont se retrouver sur le carreau, s’inquiète le Dr Henri Garra, installé à Pineuilh. On ne pourra pas les prendre, on n’a plus de place. » Les généralistes gèrent déjà des patientèles conséquentes, entre 1 700 et 2 000 personnes, pour un bassin de près de 20 000 habitants. « Cela va se traduire par des retards de soins, voire l’absence de soins. N’ayons pas peur des mots, il va y avoir des morts, c’est une évidence », s’alarme-t-il.

Départs massifs à la retraite

Et le pire reste à venir. Le médecin anticipe un départ à la retraite massif de ses confrères dans les prochaines années, sans aucune relève en perspective. Dans cinq ans, l’effectif pourrait tomber à quatre praticiens. « C’est une spécificité locale mais nous nous sommes tous installés dans les années 90 et nous avons tous à peu près le même âge, entre 60 et 64 ans. On va tous partir à la retraite en même temps ! », explique-t-il.

Il y a un mois et demi, les professionnels alertaient les pouvoirs publics sur cette situation préoccupante dans un courrier adressé conjointement à l’ARS Nouvelle-Aquitaine, au Conseil de l’Ordre et à la préfecture. À ce jour, aucune réponse ne leur est parvenue. « On sait que l’ARS a rencontré les maires, mais il n’en est rien ressorti de concret », déplore le Dr Garra.

« On en demande toujours plus aux médecins »

Lui et ses confrères demandent que la région soit placée en zone d’intervention prioritaire pour renforcer les aides accordées aux candidats à l’installation, notamment grâce à des exonérations fiscales. Le secteur de Sainte-Foy-la-Grande bénéficie aujourd’hui des aides attribuées aux territoires fragiles, classées en zone d’accompagnement complémentaire. L’ARS a établi ce zonage en 2022 en se basant sur le nombre des médecins, leur âge et celui de la population. Insuffisant pour les professionnels qui n’ont pas vu d’amélioration.

« On a un sentiment d’abandon et de désespoir, confie le Dr Garra. On nous en demande toujours plus, à nous médecins. Mais quand vous travaillez 12 heures par jour à 64 ans, que vous assurez vos gardes les week-ends et le soir, vous êtes droit dans vos bottes. Vous pouvez regarder les gens en face sans rougir ! »


Source : lequotidiendumedecin.fr