Quels sont les objectifs de la HAS avec ces recommandations ?
Isabelle Adenot : Notre objectif est de nous adresser aux médecins dans le cadre de l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins. Beaucoup de nos recommandations relèvent d’évidences comme de prendre par exemple le numéro de téléphone du patient et ses coordonnées pour pouvoir le joindre si la communication coupe ou lui proposer un parcours de soins adapté si la téléconsultation ne convient pas. Autre exemple, rappeler au médecin comment il doit se placer et se comporter face à l’écran, etc.
À qui s’adressent ces recommandations ?
I. A. : Les règles de bonnes pratiques que nous publions aujourd’hui, après saisine du ministère, s’adressent d’abord aux médecins ou à une organisation territoriale qui cherchent à savoir comment s’y prendre, aux patients qui souhaitent téléconsulter ou encore aux sociétés informatiques qui trouveront dans ces recommandations des éléments pour proposer des solutions techniques adaptées.
S’il fallait retenir trois points essentiels, quels seraient-ils ?
I. A. : Certaines recommandations ont une importance capitale. Avant de s’engager dans une solution technique, il est par exemple primordial que le médecin vérifie sa conformité à la sécurité des données. Le praticien doit aussi s’assurer que le patient est volontaire pour la téléconsultation. Dernier point majeur, il doit identifier les situations inadaptées à une consultation à distance, ce qui peut se révéler au décours de la téléconsultation. Enfin, une certitude : une téléconsultation n’est pas une consultation au rabais, ni une consultation dégradée.
Les exigences demandées aux médecins généralistes ne risquent-elles pas de freiner leur engagement dans la téléconsultation, qui déjà ne décolle pas ?
I. A. : Un temps d’appropriation à cette nouvelle approche est nécessaire, tant pour le médecin que pour le patient. Les expériences étrangères (USA, Canada, Australie, Japon, Corée) montrent que certains facteurs, en premier lieu la distance, mais aussi la disponibilité du médecin ou la saisonnalité (avec les pathologies liées) sont déterminants. En 5 pages, les médecins ont les éléments pour se lancer dans la téléconsultation et la téléexpertise.
Élaborerez-vous des recommandations spécifiques par pathologie pour les téléconsultations ?
I. A. : Ce n’est pas prévu. Certaines sociétés savantes planchent sur la façon de s’exprimer en l’absence d’examen physique. La téléconsultation est une technique qui s’apprend. Il est indispensable dans un premier temps que les médecins suivent une formation continue pour s’adapter à ce colloque virtuel.
La téléconsultation a-t-elle vocation à devenir la norme ?
I. A. : Patients et médecins dessineront l’avenir de la téléconsultation. Ce n’est pas à la HAS de le dire. Si en avril 2018, elle avait souligné l’absence de situation d’exclusion clinique a priori pour une téléconsultation, cet acte n’a pas été conçu en France pour remplacer la consultation présentielle dans toutes les circonstances. Elle s’intègre
au parcours de soins du patient.
Article précédent
Ce que dit la réglementation
Ce que dit la réglementation
Isabelle Adenot, membre du collège de la HAS : « Une téléconsultation n’est pas une consultation au rabais »
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre