Médecin du club et président ! Les handballeuses de Metz aux bons soins du Dr Thierry Weizman

Publié le 09/09/2023
Double casquette pour le Dr Weizman

Double casquette pour le Dr Weizman
Crédit photo : DR

« Vite, elle saigne ! Qu’est-ce que tu fous ? », Mercredi 30 août, ouverture de la saison pour les handballeuses messines. Le coach Manu Mayonnade engueule le médecin qui tarde à intervenir sur une blessée. Une heure et une large victoire plus tard, la relation s’inverse. « Pendant le match, je suis au service de l’entraîneur mais à la fin, je redeviens son patron ! », s’amuse le Dr Thierry Weizman, à la fois médecin et président de Metz handball, le plus titré des clubs français. Une double casquette unique. 

Carnet de santé et bulletin de paie

À chaque match à domicile, aux Arènes, le dirigeant de 64 ans est assis sur le banc, auprès du staff technique et des joueuses. Prêt à soigner le moindre bobo. Il connaît leur carnet de santé aussi bien que leur bulletin de paie. « Les deux activités se télescopent quand le médecin estime qu’il faudrait six semaines d’arrêt à une joueuse mais que le président voudrait bien… qu’elle reprenne plus tôt ». Qui a le dessus ? « Le médecin, toujours ». 

À la fin des années 1970, il a failli abandonner ses études de médecine pour devenir handballeur pro. Son père l’en a sévèrement dissuadé. « Il avait raison », reconnaît aujourd’hui le Dr Weizman. La deuxième fois, il n’a pas eu à choisir : médecin du club depuis 1989, il est porté à la présidence par les élus locaux qui ne voient que lui pour éviter une liquidation.

De « Titi » à « président »  

Être médecin l’a bien aidé : d’abord parce qu’il était « très pote » avec les joueuses ; ensuite, parce que la transition a eu lieu en juillet 2005, son activité de généraliste étant réduite pendant l’été. À une autre période de l’année, il aurait peut-être manqué du temps qu’exige son « vrai » travail, le centre Coubertin de médecine du sport, qu’il dirige à plein temps depuis plus de trente ans.

Un établissement qui a démarré avec deux praticiens et en compte une cinquantaine désormais. Il y reçoit cinquante patients par jour, jonglant avec son téléphone pour gérer le club à distance. Seule entorse à son engagement constant : en déplacement, les joueuses se contentent de la présence d’un kiné. Mais le Dr Weizman est présent à tous les matches à domicile et ne manque aucun grand rendez-vous européen. Sous sa présidence, les Dragonnes – leur surnom – ont été championnes de France à treize reprises et ont atteint deux fois le Final 4 de la Ligue des champions. 

Simple médecin, il a été « très proche » des joueuses, allant jusqu’à faire la fête avec elles. À présent qu’il a deux ou trois fois leur âge, les relations ont « complètement changé ». Les dernières arrivées l’appellent « président » ou « docteur », plus tellement «Titi ». Il a réalisé que le temps avait passé quand il a commencé à soigner les filles d’anciennes joueuses. 

Emmerdes et nuits blanches 

Les pratiquent aussi évoluent. La saison passée, pour la première fois, une recrue est arrivée avec son propre staff médical. « J’étais un peu aux ordres, à faire des comptes rendus en anglais », s’étonne encore le Dr Thierry Weizman. La cohabitation s’est passée « dans un bon esprit » mais n’est « pas souhaitable » pour autant.

Deux fois, le médecin-président a pris le risque d’engager des joueuses qui n’étaient pas en parfaite santé mais plus abordables financièrement. Des paris gagnants : la Russe Ekaterina Andryushina a qualifié Metz pour la Ligue des champions, « à coups d’infiltrations ». Une autre fois, la veille d’une finale de championnat de France, le Dr Weizman a réduit le coude luxé d’une joueuse tombée dans sa salle de bains. « On ne l’a pas dit à l’entraîneur et elle a joué », glisse-t-il avec espièglerie. 

Le Dr Weizman aurait-il un conseil pour la bonne santé du très occupé président Weizman ? « La santé tient mais ça ne va pas sans quelques nuits blanches, convient-il. Dans ma vie professionnelle, les emmerdes commencent quand j’arrive au club. Finalement, c’est au cabinet que je me repose. » 

Mickaël Caron

Source : lequotidiendumedecin.fr