Grippe : les médecins libéraux se plaignent de la reconnaissance sélective du gouvernement

Publié le 12/01/2017

Alors que Marisol Touraine participait jeudi matin à une réunion de crise sur la grippe à l'Elysée, la ministre de la Santé a du répondre à deux polémiques naissantes. Selon elle, le chef de l'Etat a en effet "souhaité saluer, remercier la mobilisation des professionnels hospitaliers et appeler à la mobilisation de tous face à cette épidémie". Une sollicitude des plus hautes autorités qui agace un peu les représentants de médecins, qui s'étonnent de l'attention exclusive accordée aux hospitaliers.

Lors d'une conférence de presse, le président Claude Leicher a ainsi regretté que Marisol Touraine ne dise "pas un mot sur les 95 % de gens pris en charge en ville". "On a assisté ces derniers jours à une vraie dramatisation de la situation concernant la grippe. Elle reste standard, même si la mortalité est un peu plus élevée que dans les prévisions", ajoute le généraliste. 

De son côté, la CSMF a également réagi dans un communiqué dénonçant le non-soutien du gouvernement aux médecins libéraux. "Alors que l’hôpital est présenté comme l’unique recours, et d’ailleurs le seul remercié par le président de la République, la CSMF rappelle que plus de 90 % des cas sont pris en charge par la médecine de ville, en particulier les médecins généralistes qui font face aussi à un afflux de demandes en soins de la population", précise le syndicat. La CSMF met aussi l'accent sur "le manque de moyens attribués à la médecine de ville en matière de prévention sur la vaccination".

Les interrogations portent aussi sur le faible taux de couverture vaccinale des soignants. Martin Hirsch, Directeur général de l'AP-HP a indiqué, lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes d'information sociale (Ajis) mercredi que le taux de vaccination du personnel de l'AP-HP contre la grippe est "mauvais", en précisant qu'il était de "10 % chez les paramédicaux" et de "25 % chez les médecins". Sur ce sujet, Claude Leicher a lui aussi insisté sur le fait que beaucoup de soignants ne sont pas vaccinés : "Est-ce vraiment raisonnable que le taux de vaccination soit aussi bas dans les Ehpad, les hôpitaux, et dans les crèches ?", questionne-t-il.

Pelloux et Juvin interpellent les pouvoirs publics

La ministre de la santé a aussi répondu jeudi sur un autre front ouvert cette fois par les hospitaliers. La veille, Patrick Pelloux, président de l'Association des médecinsurgentistes de France (Amuf), et Philippe Juvin, chef du service des urgences de l'Hôpital Georges-Pompidou et député européen (LR), avaient en effet critiqué la politique de fermetures de lits menée selon eux ces dernières années, estimant que cette situation avait pu aggraver la difficulté des hôpitaux à faire face à l'actuelle épidémie de grippe. "Il y a 2.500 lits de plus en médecine dans les hôpitaux français aujourd'hui par rapport à 2012", a répondu mercredi Marisol Touraine, démentant que la tension actuelle dans les hôpitaux face à l'épidémie de grippe soit liée à des suppressions de lits.

"Nous verrons au terme de l'épidémie ce qu'est le bilan", a par ailleurs déclaré Marisol Touraine, en visite au service des urgences de l'hôpital Ambroise-Paré, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Mercredi matin, elle avait estimé que le bilan de l'épidémie serait "probablement lourd" cette année, au vu du nombre de malades "particulièrement important" et du taux élevé d'hospitalisation. Au niveau de l'ensemble de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, "à peu près quatre hôpitaux ont dû déprogrammer des patients programmés", a ajouté Martin Hirsch, qui l'accompagnait, précisant que la situation changeait d'un jour sur l'autre. Certains hôpitaux ont intégré cette "souplesse" mais d'autres "hésitent à déprogrammer", a regretté la ministre, attribuant ces réticences à la difficulté d'annoncer des reports aux patients ou à l'activité importante que représentent certains actes pour les services concernés.


Source : lequotidiendumedecin.fr