Décès d'un enfant dénutri : un généraliste poursuivi pour « non-assistance à personne en péril »

Par
Publié le 15/11/2019
Tribunal

Tribunal
Crédit photo : GARO/PHANIE

Au troisième jour du procès des parents du petit Gabin, mort de faim en 2013, le médecin de la famille, était entendu hier comme témoin. Le praticien a concédé une « erreur d'appréciation » mais assuré n'avoir « jamais constaté un quelconque signe de danger et de péril sur cet enfant ». Le médecin devra répondre dans quelques mois devant le tribunal correctionnel de « non-assistance à personne en péril »« fait rare » selon l'association partie civile L'Enfant Bleu.

Le témoignage du Dr Jean-Louis V., 61 ans, généraliste qui a suivi Gabin avant sa mort consécutive à une dénutrition « extrême » le 7 juin 2013, était très attendu par la cour d'assises de la Creuse qui juge depuis lundi à Guéret les parents Édouard Ruaud, 40 ans, et Céline Vialette, 34 ans, accusés de « "privation de soins ou d'aliments suivie de mort d'un mineur de 15 ans ». 

Une « erreur d'appréciation » selon le praticien

Lors de l'audience, le praticien a fait valoir ses 38 ans de services, a assuré n'avoir jamais rien vu d' « alarmant » à l'examen de l'enfant, à sept reprises, en quinze mois entre janvier 2012 et avril 2013. « Bien habillé », « d’un aspect correct », l'enfant ne présentait selon lui « pas de signe de négligence, ni de maltraitance ». « Je conçois a posteriori que j’ai fait une grossière erreur. Je n’imaginais même pas l’état de son lieu de vie. Je n’avais pas l’impression visuelle d’un enfant dénutri en souffrance, j’ai eu tort. Croyez bien que je le regrette », a déclaré le médecin, admettant une « erreur d'appréciation »

5,8 kg à 22 mois

Admis aux urgences le 7 juin 2013, en état de « déshydratation extrême » et « de mort apparente », l'enfant n'avait pu être réanimé malgré 40 minutes de massage cardio-respiratoire. À 22 mois, Gabin ne marchait plus et ne pesait que 5,8 kg, le poids d'un nourrisson de 3 mois. Pour l'accusation, cette situation aurait dû alerter le médecin de famille qui avait ausculté l'enfant sept fois entre janvier 2012 et avril 2013, mais sans noter à deux reprises son poids et sa taille, ce qui relève d'« une abstention fautive » pour l'accusation. « Le médecin est le premier à pouvoir mettre en place des dispositions pour sauver un enfant en péril. Gabin n'aurait pas dû mourir », a estimé Me Crespin, avocat de l'association L'Enfant bleu, seule partie civile. 

Le réquisitoire et le verdict sont attendus vendredi pour les parents. Le Dr V. est convoqué à la barre comme témoin cette semaine dans l'attente de son procès attendu en 2020.

(Avec AFP) 


Source : lequotidiendumedecin.fr