Deux médecins du Kremlin-Bicêtre jugés vendredi pour le décès d'une fillette après une opération

Publié le 07/04/2016
Hopital

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Un chirurgien et une anesthésiste sont jugés vendredi à Créteil pour le décès d'une fillette de 6 ans en 2009 au CHU du Kremlin-Bicêtre des suites d'une intervention. L'AP-HP, qui gère l'établissement, est également jugée pour "homicide involontaire".

L'enfant souffrait d'infections urinaires chroniques devait subir le 24 septembre une intervention chirurgicale "de Cohen". Mais l'état de santé de la fillette se dégrade après l'opération, avec poussées de fièvre, vomissements, jusqu'à l'arrêt cardiaque. Verdict de l'autopsie : "mort par choc septique".

L'enquête, ouverte après le dépôt de plainte de la famille, amènera les experts à relever une série de négligences au sein de l'équipe médicale. La veille de l'opération, un germe infectieux est détecté dans les urines de la fillette, ce qui "aurait dû conduire au report de l'intervention chirurgicale", selon les trois experts mandatés par la juge d'instruction. Mais ni le chirurgien, ni l'anesthésiste ne pensent à consulter les résultats de cet examen obligatoire.

Le premier assume sa responsabilité mais explique, d'après l'instruction, que c'était "avant tout à l'interne (...) et à l'infirmière" d'attester que le dossier médical du patient était complet. La seconde, elle, estime que "ce n'était pas dans les attributions systématiques de l'anesthésiste", mais dans celles du chirurgien, de s'assurer de l'existence d'un tel examen, dont le résultat "devait avoir été vérifié en amont" par un interne de garde.

D'autres erreurs sont évoquées dans cette affaire dans les traitements post-opératoires. Trois jours après l'intervention enfin informé de la présence d'une bactérie dans les urines de la fillette, le chirurgien pose un mauvais diagnostic et prescrit un traitement antibiotique par voie orale, inadapté et insuffisant, selon les experts. L'anesthésiste, de garde la nuit suivante, est avertie par un interne de la persistance des symptômes. Et, si elle ordonne un traitement antibiotique par intraveineuse et un examen sanguin, elle ne se déplace pas dans la chambre de Camille.  Une faute selon les experts, qui estiment que l'enfant aurait dû être transférée en réanimation, "ce qui aurait peut-être permis d'éviter le décès".

Depuis le drame, aucune intervention chirurgicale ne débute dans ce service sans la lecture d'une check-list devant l'ensemble du personnel soignant présent dans le bloc opératoire.


Source : lequotidiendumedecin.fr