La lecture des mails le dimanche soir, loin de calmer l'angoisse du lundi, est souvent source de surprise. Mailings des écoles, lycées, associations, EPU, groupe de gardes. Ce dernier ne manque jamais de demander un changement de dernière minute, d'apprendre la maladie d'un autre, de faire une place au coup de gueule toujours du même ou une demande de remplacements urgents… Comme si nous conservions jalousement, pour ne pas dire maladivement, le nom d'un remplaçant béni…
Quelle ne fut pas ma surprise, au-delà de me réjouir de la grossesse d'une consœur, de lire son annonce où elle mettait en avant l'exonération de revenus dont bénéficie leur cabinet en zone de revitalisation rurale… Autrement dit, j'ai eu une idée géniale. Je ferme mon cabinet, je déménage à 35 minutes de chez moi, je me réinstalle et pour quelques années je m'allège des milliers d'euros versés à l'administration fiscale. 35 minutes : je garde une partie de ma patientèle, je me renouvelle, je garde ma maison, adieu MSP et pharmacies, bonheur pour les prochains bénéficiaires, j'ai déshabillé Pierre et rhabillé Paul.
En pleine psychothérapie de masse (le Grand Débat) les gilets jaunes et les déserts médicaux, ne devrions-nous pas lisser nos différences en matière fiscale. Il y a beaucoup d'injustice à être installée dans un désert ou dans une banlieue difficile, bosser comme des malades (pour ne pas surcharger les urgences, pauvre misère), pour rendre service (surtout au service public qui lui ne me le rend pas) et ne pas bénéficier de ces exonérations car installée avant, trop tard ou pas au bon endroit. Tiens, une suggestion : ne plus lire ces mails le dimanche soir !
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