Sanofi mis en examen dans l'affaire de la Dépakine

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Publié le 04/02/2020
Dépakine

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Après plus de trois années d'enquête, les juges chargés de l'enquête sur la commercialisation de la Dépakine ont mis Sanofi en examen pour « tromperie aggravée » et « blessures involontaires », a annoncé le groupe pharmaceutique lundi soir.

L'enquête, ouverte en septembre 2016, visait à établir s'il y avait eu « tromperie sur les risques inhérents à l'utilisation du produit et les précautions à prendre ayant eu pour conséquence de rendre son utilisation dangereuse pour la santé de l'être humain » et couvrait la période allant de 1990 à avril 2015.

Le valproate de sodium, commercialisé depuis 1967 sous la marque Dépakine par Sanofi, mais aussi sous des marques génériques, présente un risque élevé de malformations congénitales sur le fœtus si elle est prise par une femme enceinte.

Une quarantaine de plaintes au pénal

L'enquête faisait suite à une procédure lancée en mai 2016 à l'initiative de l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anti-convulsivant (Apesac), qui représente 4 000 personnes, pour moitié des enfants malades, et s'appuyant sur 14 cas de mères ayant reçu l'antiépileptique lors de leur grossesse.

« C'est un retournement du dossier, qui jusqu'ici n'avançait pas beaucoup », s'est réjoui Me Charles Joseph-Oudin, l'avocat de l'Apesac, joint par l'AFP. « Sanofi s'arc-boute sur une position de déni de responsabilité qui est de plus en plus difficilement tenable », a-t-il ajouté. Selon lui, une quarantaine de personnes ont déposé une plainte au pénal dans ce dossier « d'une gravité extrême et qui concerne en réalité des milliers de victimes ».

De son côté, la présidente de l'Apesac Marine Martin, qui fait partie des plaignantes, a salué une « une étape importante ». « Je suis extrêmement satisfaite de voir la procédure pénale que j'avais initiée en 2016 franchir une étape importante. Sanofi va devoir s'expliquer pour les dizaines de milliers de victimes empoisonnées », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Sanofi, pour sa part, a estimé dans un communiqué que cette mise en examen lui permettrait « de faire valoir tous ses moyens de défense et sera l'occasion de démontrer qu'il a respecté son obligation d'information et fait preuve de transparence ». Le laboratoire a par ailleurs assuré qu'il « continuera de coopérer pleinement avec les autorités judiciaires et a toute confiance dans les suites de la procédure ».

(Avec AFP)


Source : lequotidiendumedecin.fr