« Redonner sa fonction au médecin traitant » : belles paroles qui ne coûtent pas cher, voilà comment le gouvernement anesthésie la contestation. Le « médecin de famille » soigne ses patients avec humanité, au mieux de son savoir avec l’aide de tous ses correspondants et amis spécialistes. En quoi faut-il lui redonner sa fonction ?
À en croire le gouvernement, certains syndicats et même le CNOM, ce « médecin de famille » serait devenu un être d’un âge préhistorique, incapable de soigner une angine, une crise de goutte, un diabète, de poser un diagnostic sans l’aide d’une équipe, de son PC, de son smarphone, ou de son iPod en ligne directe avec la Cnam. Serait-il devenu obsolète en refusant d’être robotisé, addict aux dernières nouveautés informatiques, prêt à être étatisé, soumis à ses gourous (la HAS, les Caisses) pour le traitement de ses patients (sous la dépendance de la politique budgétaire de l’État) ? Pour parvenir à un tel mutant asservi au gouvernement, il est en effet capital de réinitialiser les fonctions du médecin traitant. Quant au coût de cette réinitialisation, le gouvernement a décidé de l’ignorer puisqu’elle serait à la charge du médecin.
Le gouvernement peut-il garantir que cette réinitialisation sera un succès financier pour la Sécurité sociale ? Chaque année le gouvernement ne nous promet-il pas de sortir de sa pochette-surprise un nouveau plan infaillible, magique, qui doit réduire le déficit de la Sécurité sociale accru par le plan précédent.
La France est considérée en récession depuis 2013. Pour en sortir, le gouvernement vient d’expliquer à Bruxelles qu’il peut dégager 3,6 milliards d’euros supplémentaires, ce qui lui permet d’être en mesure de réduire son déficit structurel à 0,5 % du PIB. Il inscrit également un programme d’économie de 50 milliards d’euros pour la période 2015-2017. Grâce à ces belles promesses, un délai jusqu’en 2017 pour un retour de son déficit sous la limite des 3 % lui a été accordé. Comment le gouvernement peut-t-il répondre aux exigences de Bruxelles sinon qu’en restreignant encore les budgets, dont celui de la santé !
De ce fait, comment les médecins peuvent-ils croire à un financement réel et continu, à long et même à court terme, des soins primaires, du ROSP, du ENMR, etc. ? Le gouvernement pour remplir ses caisses n’est-il pas obligé de vendre actuellement « les bijoux de famille », comme des actions Safran, les aéroports de province... Ne projette-t-il pas de vendre la partie rentable du système de santé aux mutuelles avec les médecins libéraux en prime ?
Pour des raisons budgétaires, le gouvernement joue un double jeu : il sacrifie la médecine libérale en l’accusant d’être responsable de la dégradation du système de santé, et pour sauvegarder un réseau de santé minimal Marisol Touraine encense les hospitaliers et urgentistes (exemple : l’épidémie de grippe), cède sur leurs revendications et leur promet de débloquer des fonds.
Comment le gouvernement, connaissant l’endettement de la France, peut-il promettre monts et merveilles aux médecins (qui se soumettent) et aux Français. N’a-t-il pas pourtant prévenu les médecins libéraux que sa future loi, qu’il a concoctée sans eux, n’est faite que pour séduire ses électeurs (exemple : le tiers payant).
Pour sauvegarder notre métier et pouvoir l’exercer librement, pour préserver le système de soins français, nos syndicats ne devraient-ils pas revendiquer que l’augmentation du « C » et reprendre sans précipitation, une fois la récession passée, une discussion fructueuse avec le gouvernement sur l’avenir du système de Santé. Certains médecins libéraux et syndicats sont-ils prêts à suivre aléatoirement les décisions du gouvernement, à signer aveuglément ? Si oui, signent-ils pour le bien de leurs patients ou pour leur ego ?
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