Vous avez mené avec votre interne, Capucine Rey, une étude sur « Les réprésentations de la mort en médecine générale ». À quelles conclusions arrivez-vous ?
Dr Thierry Farge. Encore plus quand il s’agit de fin de vie, les médecins doivent se rappeler qu’on ne soigne pas qu’un corps mais un être humain et qu’ils se doivent de l’écouter. Or, parfois, par souci de bien faire, ils proposent des soins qu’ils jugent utiles alors que le patient les juge agressifs parce qu’ils violent son intimité. Il faut savoir créer un lien, tout en renonçant au fantasme de la réparation à tout prix…
Pourquoi est-il si difficile de prendre en charge un patient en fin de vie à domicile ?
Dr T. F. Qu’est-ce qu’on apprend à la Fac ? Que la mort est un échec ! Les études de médecine ne sont pas adaptées à la fin de vie. En plus, la mort de l’autre renvoie à sa propre finitude. Or, quand ça se passe à l’hôpital, cela ne les affecte pas autant. Les généralistes veulent bien faire le relais téléphonique entre l’hôpital et la famille tandis qu’à domicile ils voient l’état de santé de leur patient se dégrader de jour en jour. Ce n’est pas la même chose. Seulement une minorité d’entre eux (5 à 8 %) acceptent de s’en occuper jusqu’au bout.
Que conseillez-vous aux généralistes qui voudraient être accompagnants ?
Dr T. F. De bénéficier d’une formation, de se rapprocher d’une équipe d’hospitalisation à domicile ou d’un réseau de soins palliatifs, d’en parler au sein de groupes de pairs. Le rôle du médecin généraliste dans la fin de vie à domicile est – et doit rester – central. Dans l’idéal, même si ce n’est pas toujours possible, tout médecin traitant devrait s’occuper de la fin de vie de ses patients. Une nouvelle étude qui est encore en cours montre que l’immense majorité (95 %) des patients et de leurs familles souhaitent que ce soit lui, le médecin traitant, qui les accompagne.
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