Les députés disent oui à la prescription par le pharmacien, non au médecin traitant opposable

Publié le 22/03/2019
Assemblée

Assemblée
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

L'Assemblée poursuit ce vendredi l'examen en séance plénière du projet de loi santé. Plusieurs mesures symboliques ont été prises ces dernières heures. Les députés sont finalement revenus sur une disposition qui devait permettre aux caisses primaires d'assurance maladie de désigner un médecin traitant aux patients ne parvenant pas à en trouver. L'adoption de cet amendement en commission, la semaine dernière, avait été vécue comme une provocation par les syndicats de médecins libéraux. 

Les députés ont en revanche autorisé jeudi les pharmaciens à délivrer, sous certaines conditions, des médicaments sous prescription médicale obligatoire pour des pathologies bénignes comme des cystites ou certaines angines. Le rapporteur du projet de loi Santé Thomas Mesnier (LREM), à l'origine de cette proposition a tenté de rassurer le corps médical, affirmant qu'il n'était « pas question ici de donner un droit de prescription aux pharmaciens » : « L'objectif est de leur permettre, dans le cadre d'un exercice coordonné avec d'autres professionnels de santé, de pouvoir délivrer des médicaments selon un protocole mis en place par la Haute autorité de santé, après une formation et avec une obligation de lien et d'information au médecin traitant », a-t-il assuré.

Malgré les craintes de certains parlementaires d'une médecine à deux vitesses, la ministre de la Santé n'a pas souhaité la suppression de cet amendement «  longuement discuté en commission ». « Je vais m'employer à trouver un consensus entre pharmaciens et médecins, car nous n'avons pas pu, faute de temps, avoir une concertation sur le sujet », a expliqué la ministre de la Santé.

Vaccination : extension des droits des pharmaciens et sages-femmes

L'Assemblée a par ailleurs voté jeudi des amendements permettant aux pharmaciens de prescrire directement certains vaccins et aux sages-femmes de prescrire et pratiquer des vaccinations auprès des enfants dans certaines conditions. « Depuis 2016, les compétences des sages-femmes ont été élargies. Elles peuvent pratiquer la vaccination de la femme enceinte, du nouveau né et de leur entourage », a rappelé Agnès Buzyn. 

La Haute autorité de santé doit rendre dans le courant de l'année un avis sur l'élargissement des capacités vaccinales des professionnels de santé, dont les sages-femmes. « Un arrêté fixera les vaccins autorisés », a précisé la ministre de la Santé.

L'Assemblée nationale a enfin voté jeudi l'instauration d'un projet territorial de santé (PTS) commun aux professionnels de ville, de l'hôpital et du secteur médico-social pour mieux coordonner l'offre de soins et le parcours médical des patients.

« On va regrouper tous les contrats locaux de santé déjà signés dans les territoires entre professionnels, collectivités et Agence régionale de santé (ARS) dans un schéma général que l'on appelle projet territorial de santé », a expliqué Agnès Buzyn. Ce projet permettra notamment de « vérifier qu'il n'y a pas de zones blanches, de territoires ou de sujets non-couverts : addictions, accès à un médecin traitant, santé mentale… » et que « tous les acteurs présents sur un territoire travaillent ensemble », a ajouté la ministre de la Santé. Les élus LR ont mis en garde contre une sur-administration de l'organisation de soins par l'État, via les ARS, reprenant une crainte exprimée ces derniers jours par des syndicats de médecins.

L'examen du projet de loi de santé devait se poursuivre ce vendredi, le vote solennel de l'ensemble du texte étant prévu mardi prochain.

Ch.G. avec AFP


Source : lequotidiendumedecin.fr