[VIDÉO] Agnès Buzyn vote contre la prescription par les pharmaciens ... après l'avoir défendue

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Publié le 29/10/2018

La députée de la première circonscription des Alpes-de-Haute-Provence, Delphine Bagarry (En marche), médecin généraliste de formation, avait proposé via un amendement au PLFSS d’expérimenter pour trois ans la prescription par les pharmaciens de certains médicaments normalement délivrés sur ordonnance. L’inspiration était le modèle suisse où les pharmaciens peuvent délivrer directement des traitements pour la cystite, la conjonctivite ou encore l'eczéma. Soutenu par le rapporteur du PLFSS Olivier Véran, l’amendement avait été adopté en commission des affaires sociales, mais étonnamment l’assemblée a finalement décidé de le rejeter lors de son examen dans la nuit de vendredi à samedi.

L’amendement de la députée a peut-être été victime de la levée de boucliers, notamment de la part des médecins, qui a suivi son annonce. « Contrairement à ce qui a pu être dit cet amendement ne transforme pas le pharmacien en médecin », a malgré tout défendu Delphine Bagarry lors de l’examen. « Des inquiétudes se sont élevées à ce sujet par certains professionnels de santé. Mais je le dis comme je le pense, si l’on veut libérer du temps médical il faut être capable de s’appuyer sur les compétences de tous les soignants », a-t-elle ajouté souhaitant que l’on parvienne à dépasser ces « frilosités ».

Les espoirs de la députée ont été vite déçus puisqu’Olivier Véran a finalement donné un avis défavorable évoquant une redondance avec un autre article adopté juste avant. Idem du côté d’Agnès Buzyn, pour les mêmes raisons. Les deux faisant référence à un amendement déposé par Thomas Mesnier, qui prévoit, à titre expérimental également, d’autoriser les pharmaciens, dans le cadre d’un protocole d’accord conclu avec les médecins, à renouveler des traitements chroniques ou ajuster leur posologie. Cette volte-face a suscité l’incompréhension de Delphine Bagarry, « l’amendement qui a été adopté n’a pas du tout pour objet cette expérimentation-là qui permet aux pharmaciens de pouvoir traiter certaines pathologies sans passer par le médecin. Nous avons montré que nous avions un peu d’audace dans ce PLFSS, d’essayer de faire bouger les lignes. Et je pense que l’on ferait une erreur de ne pas se saisir de cet amendement », a-t-elle plaidé.

La ministre défend l'idée mais y reste opposée

La confusion a été d’autant plus grande qu’Agnès Buzyn a repris la parole pour défendre l’idée proposée par sa consœur. « Il y a beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux par rapport à ces articles, en réalité nous sommes très respectueux des métiers, mais aujourd’hui nous savons que dans quelques situations extrêmement protocolées, normées, dans des zones où il est aujourd’hui difficile d’avoir des rendez-vous chez le médecin en urgence, il pourrait y avoir dans le cadre d’une expérimentation bien cadrée, une forme de coopération. Les infections urinaires par exemple. Nous ne sommes pas en train de changer les métiers, nous sommes en train de favoriser la vie quotidienne de nos concitoyens sur des gestes très simple », a-t-elle avancé, tout en maintenant malgré tout son avis défavorable. L’amendement a donc été rejeté de justesse par les députés présents. Déçue, Delphine Bagarry s’est déclarée surprise par l'issue du vote, « après l'intervention déconcertante » de la ministre de la Santé Agnès Buzyn qui « semblait soutenir (mon) projet avant de lui donner un avis défavorable ». « Ce rejet a eu lieu dans la précipitation et l'incompréhension », a-t-elle ajouté. Olivier Véran a lui expliqué que « le sujet n'était pas mûr » et que l’autre amendement adopté « allait un peu moins loin ».

[ VIDEO ] Le débat à l'Assemblée

 

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr