Lutte contre la désinformation

YouTube s’active contre les vidéos antivax, l'Élysée contre le complotisme

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Publié le 30/09/2021
Manifestation contre le passe sanitaire et la vaccination obligatoire en France. Paris, le 21 août 2021.

Manifestation contre le passe sanitaire et la vaccination obligatoire en France. Paris, le 21 août 2021.
Crédit photo : VOISIN/ PHANIE

Le géant américain de l’hébergement de vidéos s’engage. YouTube a annoncé mercredi le renforcement de sa politique de lutte contre les contenus anti-vaccins et a supprimé plusieurs chaînes de personnalités américaines antivax très suivies.

« Les contenus qui prétendent faussement que les vaccins approuvés sont dangereux et provoquent des effets chroniques sur la santé, qui affirment que les vaccins ne réduisent pas la transmission des maladies ou le fait de contracter des maladies ou qui contiennent des informations erronées sur les substances contenues dans les vaccins seront supprimés », a indiqué la plateforme dans un communiqué.

« Cela inclut les contenus qui affirment à tort que les vaccins approuvés provoquent l'autisme, le cancer ou l'infertilité, ou que les substances contenues dans les vaccins peuvent tracer les personnes qui les reçoivent », poursuit l'entreprise, filiale de Google.

Les chaînes des militants antivax supprimées

Des vidéos trompeuses ou mensongères sur des vaccinations de routine comme la rougeole ou l'hépatite B pourront être retirées du site. Des « déclarations générales sur les vaccins » pourront également être supprimées.

En revanche, « les contenus sur les politiques de vaccination, les nouveaux essais vaccinaux et les succès ou les échecs historiques des vaccins » restent autorisés, tout comme les témoignages personnels sur la vaccination tant que ceux-ci respectent le règlement de la plateforme.

Dans les faits, une porte-parole de YouTube a confirmé que la plateforme allait supprimer les chaînes de plusieurs militants anti-vaccins, notamment celle de l'ostéopathe et entrepreneur Joseph Mercola, présenté, fin juillet, par le New York Times, comme « le diffuseur le plus influent de fausses informations sur le coronavirus en ligne ».

Les réseaux sociaux face au défi de régulation

YouTube applique déjà des mesures pour combattre la désinformation autour des vaccins contre le Covid-19, affirmant avoir effacé depuis un an plus de 130 000 vidéos qui enfreignaient son règlement en la matière.

Parmi ses mesures les plus récentes, la plateforme a suspendu mardi les comptes allemands de la chaîne de télévision publique russe, RT (Russia Today) pour avoir violé les règles internes de la communauté en diffusant de « fausses informations » sur le Covid-19 et avoir voulu contourner une suspension de téléchargement. Moscou a menacé de bloquer YouTube en représailles, accusant le groupe de censure.

Mi-septembre, Facebook a lui présenté un nouvel outil de lutte contre les groupes complotistes ou violents, visant prioritairement le mouvement allemand « Querdenken » (ou « Anticonformiste »), qui associe les mesures sanitaires contre la pandémie de Covid-19 à des privations de liberté anticonstitutionnelles. Twitter possède également un règlement sur ce sujet et revendique le droit de retirer des contenus et de sévir en cas d'infraction.

En France, une commission sur le complotisme

Dans le même temps, Emmanuel Macron a installé mercredi une équipe d'une quinzaine d'universitaires et personnalités, présidée par le sociologue Gérald Bronner, chargée de faire d'ici fin décembre des propositions face à l'emprise des théories complotistes et de la désinformation dans le débat public.

La commission, intitulée « Les lumières à l'ère numérique », « devra formuler d'ici la fin de l'année des propositions concrètes dans les champs de l'éducation, de la régulation, de la lutte contre les diffuseurs de haine et de la désinformation », indique la présidence de la République dans un communiqué.

La commission est composée de chercheurs comme le sociologue Laurent Cordonier, la spécialiste du cyberespace Frédérick Douzet, l'historien Jean Garrigues, l'anthropologue Rahaf Harfoush, mais aussi des personnalités comme Rudy Reichstadt (directeur de Conspiracy Watch), la professeure des écoles Rose-Marie Farinella, la journaliste web Aude Favre ou Rachel Kahn, ancienne athlète de haut niveau devenue juriste, actrice et écrivaine.

« Cacophonie » et « mise en concurrence » des visions du monde

Aujourd'hui, la surabondance d'information s'accompagne d'une certaine « cacophonie », avec une « mise en concurrence directe de toutes les visions du monde », qu'elles relèvent « de la science, de la rationalité, de la croyance, de la magie, de la superstition », a expliqué Gérald Bronner.

Les études ont montré par exemple la tendance que les réseaux sociaux avaient à sur-pondérer les fausses informations dans leurs algorithmes de recommandation, a-t-il rappelé.

(Avec AFP)


Source : lequotidiendumedecin.fr