Lassés de se voir reprocher leur organisation informelle, les fers de lance du collectif « Médecins pour demain » né à l'automne dernier sur les réseaux sociaux ont finalement décidé de se constituer en association en bonne et due forme. « L'histoire a pris une telle ampleur que nous ne pouvions imaginer de nous arrêter et de disparaître à l'issue des négociations de la nouvelle convention médicale, explique ce lundi au « Quotidien », la Dr Christelle Audigier, jusqu'à présent porte-parole du collectif. Il nous fallait aussi pouvoir défendre nos membres qui s'exposent dans les médias depuis six mois et concrétiser nos travaux. »
Ainsi, lors d'une assemblée générale constitutive jeudi dernier, un conseil d'administration de 25 membres et un bureau ont été élus avec les mêmes personnes qui étaient déjà aux manettes du collectif informel. Ainsi, la Dr Audigier, généraliste de secteur I dans la métropole lyonnaise, devient la présidente de l'association, secondée par quatre vice-présidents : la Dr Noëlle Cariclet (psychiatre dans une MSP en Seine-et-Marne), le Dr Marc Ferrand (généraliste en Aveyron), le Dr Pierre-Louis Helias (généraliste à Besançon) et le Dr Olivier Vanduille (généraliste à la Réunion). Le montant de la cotisation a été fixé à dix euros et le mouvement d'adhésion auprès des milliers des praticiens qui suivaient le collectif sur Facebook et WhatsApp s'accélère, selon la présidente.
Cette montée en puissance ne va pas sans faire grincer quelques dents. La critique acerbe, par certains membres de « Médecins pour demain », de la pratique avancée infirmière a donné lieu à des polémiques régulières sur Twitter. Un compte satirique @Medecinpourhier a même été créé par ses contempteurs…
Le collectif compte cependant à son actif d'avoir réussi à pousser dans le débat la revendication de la consultation de base à 50 euros (mot d'ordre radical repris par plusieurs syndicats) et d'avoir lancé un appel à la grève des cabinets le 1er décembre dernier, plutôt suivi, puis à nouveau entre Noël et le jour de l'An, mouvement qui s'est ensuite effiloché.
Concertation avec les syndicats
Désormais, le but de cette association constituée uniquement de médecins est de « rassembler la profession autour d’une double volonté d’amélioration des pratiques et de promotion de l’accès aux soins en France ». Elle a aussi pour vocation « d'apporter un soutien aux médecins sur tout le territoire ». Premier pas vers la création d'un nouveau syndicat, à l'instar de l'histoire de l'UFML ? « Ce n'est pas mon but en tant que présidente, répond la Dr Audigier. Nous ne cherchons d'ailleurs pas à nous substituer aux syndicats car notre statut nous permet d'avoir une liberté qu'ils n'ont pas. »
Ce mardi 14 février, les membres de l'association devraient être présents en nombre dans la manifestation parisienne organisée « en concertation avec tous les syndicats », précise la Dr Audigier, y compris sur le plan pratique pour l'affrètement de cas ou le covoiturage de praticiens.
S'agissant des négociations conventionnelles en cours, les membres de « Médecins pour demain » sont toujours accueillis « chaleureusement » dans les délégations amies de la FMF et de l'UFML. Le collectif avait déjà été reçu par François Braun à l'issue de la précédente manifestation du 5 janvier. Mais il n'a plus eu de réponses à ces autres demandes de rendez-vous depuis, ni avenue de Ségur, ni auprès de Matignon et de l'Élysée. En se constituant en association, il espère aussi gagner en légitimité.
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