Après une année de quasi-stagnation (+0,9 % en 2013), les revenus nets (avant impôt) des médecins libéraux ont rebondi en 2014, en hausse de 2,7 % par rapport à 2013 (tous praticiens et secteurs confondus), selon les chiffres dévoilés ce mercredi (voir tableau complet ci-dessous) par la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF). L'augmentation représente seulement 2,3 % si l'on intègre l'inflation 2014 (0,4 %).
Selon les 105 000 avis d'imposition vérifiés, les bénéfices non commerciaux (BNC) de la profession se sont ainsi élevés en moyenne à 87 560 euros en 2014 (contre 85 267 euros en 2013).
Pour le Dr Thierry Lardenois, président de la CARMF, cette embellie repose sur « l’alourdissement de la charge de travail » des médecins, et non pas sur la « bonification des actes , dont les valeurs sont bloquées depuis 2011 ».
Bouillon pour les psychiatres des secteur I
En moyenne, les 46 566 spécialistes libéraux s’en sortent mieux que les 58 671 généralistes, quel que soit le secteur d’exercice. Le résultat moyen des spécialistes a progressé de 3,1 %, à 104 065 euros en 2014, contre une hausse de seulement 2,2 % pour les généralistes (à 74 460 euros)
Ce sont les médecins spécialistes en secteur II qui tirent le mieux leur épingle du jeu : la progression atteint 3,3 % (à 115 867 euros), contre 2,85 % pour leurs confrères en secteur I (96 152 euros).
Parmi les plus fortes hausses, on retrouve la cancérologie (+18 %, 430 médecins), la gastro-entérologie hépatologie (+5,1 %), la rhumatologie (+5 %), l’ORL (+4,5 %) ou encore la chirurgie (+3,5 %).
La CARMF relève en revanche des baisses de revenus substantielles chez les psychiatres de secteur I (-1,4 %) et les gynécologues médicaux de secteur I (-1,5 %). La chute du BNC est encore plus nette pour les médecins nucléaires de secteur I (-10,9 %), les spécialistes de médecine interne (-3,7 % tous secteurs) et les stomatologues (-2,7 %), mais sur des effectifs limités (moins de 250 spécialistes par discipline).
Généralistes : le secteur I s'en sort un peu mieux
À noter que les revenus des généralistes de secteur I enregistrent une hausse deux fois plus forte (2,3 %) que ceux de leurs homologues en secteur II (1,15 %) dont les BNC sont déjà inférieurs (65 547 euros contre 75 224 euros pour les généralistes secteur I).
Les chiffres actualisés de la CARMF confirment la tendance révélée au mois de septembre dernier, établie à travers le bilan fiscal des associations régionales agréées des professions libérales (ARAPL). Le rebond des bénéfices 2014 était alors évalué à 1,3 % pour les généralistes affiliés aux AGA de l’UNAPL.
Dr Thierry Lardenois, président de la CARMF : « C’est une augmentation en trompe l’œil. »
« Le Quotidien » - Comment jugez-vous cette hausse de 2,7 % des revenus des médecins libéraux en 2014 ?
Dr Thierry Lardenois. C’est une très mauvaise nouvelle. C’est un chiffre en trompe l’œil. Nos charges, URSSAF, électricité… ont elles aussi augmenté alors que nos honoraires sont restés bloqués. Pour réaliser cette hausse de 2,7 %, il a fallu que les confrères travaillent beaucoup plus. Si on tient compte de l’inflation de 0,4 %, la hausse pour les généralistes est de 1,8 %. C’est une obole. N’oublions pas que cette même année, on a donné 2 % aux fonctionnaires de la catégorie C.
C’est tout de même mieux que l’année précédente. Les revenus n’avaient augmenté que de 0,9 %…
Certes, mais on continue à pousser la profession à l’épuisement pour en arriver là. Et la situation va encore se dégrader avec le départ à la retraite de nombreux confrères dans les prochaines années. Les médecins en exercice ne pourront pas compenser éternellement la baisse de la démographie libérale. Les jeunes ne s’installent plus. Il est urgentissime que les autorités comprennent que si elles ne revalorisent pas décemment les revenus des libéraux, cela ne changera pas.
Certaines spécialités s’en tirent cependant mieux que d’autres…
Il y a des gains de productivité dans certaines spécialités grâce à l’évolution des équipements, à l’organisation des cabinets… En cancérologie, l’activité augmente, il y a plus de dépistage, la survie des patients est en hausse ce qui nécessite un suivi plus long… Mais cela ne progressera pas éternellement.
Propos recueillis par Stéphane Long
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