Anti-masque, complotiste et adepte des médecines toltèques… une généraliste du Bas-Rhin radiée de l’Ordre

Par
Publié le 20/03/2021

Crédit photo : AFP

Militante anti-masque, le Dr Eve Engerer ne peut plus exercer la médecine. La chambre disciplinaire de première instance Grand-Est a radié la généraliste du tableau de l’Ordre des médecins le 15 janvier dernier. Elle n’a pas fait appel de cette décision, selon l’APM qui a révélé cette information.

Cette praticienne s’était fait remarquer l’année dernière en publiant sur sa page Facebook des certificats de contre-indication du port du masque qu’elle avait elle-même signés, incitant les gens à y recourir. Elle avait également été suspendue d’exercice pendant 5 mois par l’agence régionale de santé pour avoir examiné en septembre 2020 des résidents d’un EHPAD, sans respecter l’obligation de port du masque, les exposant ainsi « à un grave danger ». Selon les signalements reçus par l’Ordre, elle a également refusé de porter le masque en venant au chevet d’un patient et lui a « imposé de façon virulente de retirer le sien ».

Rituel pédo-satanique

Depuis plusieurs mois, la généraliste exprimait ses idées sans aucune retenue sur les réseaux sociaux et dans les médias, allant jusqu’à associer le port du masque à un rituel pédo-satanique. Selon le conseil départemental du Bas-Rhin de l’Ordre des médecins à l’origine de la plainte contre le Dr Engerer, elle a déconsidéré la profession et méconnu ses obligations déontologiques sur de nombreux points, notamment sur son devoir d’informer le public à partir de faits confirmés.

« Le non-respect par le Dr Engerer de son obligation de porter le masque ne relève pas seulement d’une simple omission mais est revendiqué et procède du caractère dogmatique de sa position », constate la chambre disciplinaire dans sa décision, que le « Quotidien » a consultée. La généraliste militait également ouvertement contre l’obligation vaccinale des nourrissons.

Pratiques alternatives

La décision de la chambre disciplinaire met en lumière une autre de ses facettes : ses pratiques médicales qualifiées de charlatanisme par l’Ordre. Le Dr Engerer « a développé une forme de médecine fondée […] sur des pratiques alternatives reposant sur l’accès à la pleine conscience, les médecines ancestrales toltèques, bouddhistes, invitant les patients à réapprendre à s’aimer ».

Elle avait recommandé aux parents d’un petit de 18 mois présentant un syndrome viral de le prendre dans leurs bras « en demandant en conscience à l’énergie de circuler dans le corps de leur enfant ». À une patiente souffrant d’une pathologie relevant des urgences gynécologiques, elle avait simplement invité celle-ci à « s’interroger sur l’amour qu’elle se portait, à l’amour que son mari lui portait ». Il est également fait état d’un témoignage reçu en 2020 selon lequel une amie et patiente du Dr Engerer évoquait le « processus de fragilisation psychologique auquel elle estime avoir été exposée sous son emprise ».

Face à ces accusations, la généraliste n’a pas cherché à se justifier. Absente durant l’audience de la chambre ordinale à laquelle elle ne s’était pas fait représenter, elle n’avait produit aucun mémoire en défense. Le 12 février dernier, c’est encore sur les réseaux sociaux qu’elle s’exprimait pour dénoncer un « vice de procédure volontaire », sans plus de commentaire.


Source : lequotidiendumedecin.fr