C'est, selon eux, « une première ». L'ensemble des syndicats représentatifs de médecins libéraux* ont pris la décision de s’adresser ce mardi « directement à la population française » face aux difficultés d'accès aux soins et à « l’impossibilité d’y apporter des solutions pérennes à court terme ».
« La crise des urgences, cumulée à celle des vocations, vient aggraver la situation et nous impose de réagir rapidement, même par des mesures temporaires, rappellent-ils. Cet état de fait est l’héritage des politiques publiques qui, depuis 40 ans, ont conduit à réduire le nombre de médecins en formation et entraîné un manque d’attractivité du métier de soignant. » Ainsi, le nombre de médecins formés, en augmentation depuis dix ans, ne suffit plus pour faire face à une demande de soins « croissante et de plus en plus complexe ».
Semaine de 54 heures en moyenne, participation active à la permanence des soins en ambulatoire – assurée dans 95 % des territoires de 20 heures à minuit et le week-end, insistent les libéraux – sans repos compensateur le lendemain, prise en charge de 85 % des consultations quotidiennes, de 60 % de l’activité chirurgicale ou encore de 80 % de la radiologie… Les praticiens libéraux sont « de plus en plus sollicités » et beaucoup « ont délaissé leur vie privée » pour répondre à la population, martèlent les centrales.
Nouveau contrat social
Pourtant, médecine de ville comme médecine hospitalière vont mal et les soignants sont « épuisés ». Malgré des investissements de l'État (Ségur de la santé, compensations) les hôpitaux publics sont « en grande souffrance » et les établissements privés sont soumis « à des tensions financières inédites ».
En souffrance également, la médecine libérale est en très grande tension en raison d’une démographie en berne. « Il est indispensable de réagir pour redonner aux médecins et à l’ensemble des soignants les moyens nécessaires pour retrouver l’agilité qui leur a permis de continuer à vous soigner face à la Covid », plaident les syndicats de médecins libéraux auprès de leurs concitoyens.
La coercition, une illusion
Échaudés par les propos de Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), qui pointe volontiers une désaffection des libéraux dans l'effection des gardes, ils refusent de « laisser croire » que les problèmes d'accès aux soins sont de leur fait – c'est « faux et irresponsable », assènent-ils.
De la même façon, imposer des installations de médecins libéraux dans des territoires où les services ont disparu (écoles, crèche, commerces) est « une illusion ». Mieux vaut une « politique globale d’aménagement du territoire » et la définition urgente « d'un nouveau contrat social » entre tous les acteurs, avancent les structures.
Les libéraux ont à cet effet « entamé un dialogue » avec leurs confrères hospitaliers, les autres professions de santé mais aussi les associations d'usagers. « Des réformes importantes doivent être menées pour redonner à la médecine française son agilité permettant à chacune et à chacun d’entre nous une prise en charge médicale basée sur la liberté de choix du médecin, une meilleure accessibilité, une qualité des soins et une politique de prévention beaucoup plus active », concluent les auteurs de la lettre ouverte.
* Avenir Spé, Le Bloc, MG France, la CSMF, l'UFML-S, la FMF et le SML.
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre