Comment un faux médecin a-t-il pu exercer près de cinq mois dans un centre de santé à Montceau-les-Mines ? L’affaire, qui remonte au mois de septembre, avait mis en lumière l’erreur du Conseil départemental de l’Ordre de Saône-et-Loire, coupable de n’avoir pas vérifié les diplômes d’une femme qui avait sollicité son inscription au tableau au mois de mai dernier.
Cette fausse généraliste avait fini par être démasquée et suspendue le 21 septembre. L’un de ses patients, plongé dans le coma, est décédé la semaine dernière.
Âgé de 75 ans, ancien enseignant, le mari de ce faux médecin s’est confié dans un long entretien au « Journal de Saône-et-Loire ». Il reconnaît s’être laissé berner, malgré ses doutes et les antécédents de son épouse, avec qui il vit depuis 15 ans. Celle-ci avait déjà été condamnée à quatre mois de prison avec sursis pour exercice illégal du métier d’infirmière. C’est d’ailleurs cette condamnation qui éveillera les soupçons du centre de santé de Montceau-les-Mines, alerté par l’agence régionale de santé au mois de septembre.
« J’avais des doutes. Au début je n’y croyais pas du tout », confie son mari lorsqu’elle lui avait annoncé qu’elle avait été embauchée en tant que généraliste. À son mari, elle avait expliqué avoir suivi des cours par correspondance alors qu’elle poursuivait des études de communication entre Strasbourg et Montbéliard, après avoir obtenu un diplôme d’aide soignante et assisté à des cours d’infirmière (diplôme qu’elle n’obtiendra pas).
Un beau salaire et une voiture de fonction
Mais c'est lorsqu’elle lui présente le document officiel de l’Ordre des médecins, prouvant son inscription au tableau que tout bascule et qu'il cède : « J’ai vérifié sur internet avec un ami médecin. Quand on a vu qu’elle était inscrite… Je ne savais pas comment elle avait fait mais bon… avec les cours par correspondance, le télétravail... »
Pendant quatre mois, le faux médecin exerce tous les jours au centre de santé de Filieris, à Montceau-les-Mines. « Elle partait tous les matins. Elle était épanouie, raconte son époux. Elle me décrivait exactement ce qu’elle faisait. Elle se permettait même de critiquer les autres médecins ! […] Plus le temps passait, plus j’avais l’impression qu’elle y arrivait bien ». Le salaire, « 4 000 à 5 000 euros », et la voiture de fonction étaient également une source de satisfaction.
Mais le retraité regrette de s’être fait piéger. En veut-il à l’Ordre de ne pas avoir vérifié les faux diplômes produits par son épouse ? « Je ne leur en veux pas. C’est une erreur, c’était le confinement… », répond-il. Il n’en veut pas plus à sa femme, aujourd’hui incarcérée. « Je pense qu’elle est malade », confie-t-il au quotidien régional. Il dit cependant ses profonds regrets pour le patient, pris en charge par sa femme, et récemment décédé.
(Crédit photo : « Le Journal de Saône-et-Loire »)
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