L’histoire est banale mais sa conclusion heureuse pourrait inspirer des élus confrontés à la désertification médicale : comment trouver rapidement un généraliste lorsque la situation l’exige ? En y mettant le prix. Voici l'histoire du maire de Masseret, bourg rural de 700 habitants en Corrèze, qui a vécu en septembre 2017 le décès brutal de l’un des deux médecins – le seul restant en poste étant âgé de 66 ans.
Bernard Roux et ses adjoints ont pris le taureau par les cornes : « Nous avons entamé les démarches classiques, contacter l’Ordre de la Corrèze et de la Haute-Vienne voisine afin d’obtenir une liste d’une centaine de remplaçants. Hélas, ces derniers étaient déjà occupés, ou pas intéressés. »
L’équipe municipale s’est tournée vers des agences spécialisées, chasseuses de têtes, deux à Paris, une à Bordeaux. Cette dernière a répondu rapidement, proposant les services du Dr Maurizio di Matteo, praticien italien diplômé de la faculté de Rome, qui avait déjà effectué deux remplacements en France. Dynamique, âgé de 55 ans, parlant couramment notre langue, il est devenu pour le village le généraliste idéal, malgré son coût.
« Nous avons déboursé 15 000 euros pour l’agence et accompagnons notre médecin en lui payant six mois de loyer du cabinet et en lui trouvant une maison meublée pour se loger, dévoile Bernard Roux. Au total, nous aurons dépensé 20 000 euros, dont un quart apporté par la commune mitoyenne de Salon-la-Tour, qui bénéficie également de notre praticien. »
Tous gagnants
Le Dr Matteo a effectué un remplacement d’un mois avant de prendre la décision fin novembre de se mettre à son compte et de rester à son poste définitivement. Séduit par la campagne limousine – moins par son climat –, il apprécie la qualité de vie, la chasse et la gentillesse de ses patients.
« Mon atout est la pratique de la langue, explique-t-il. Mes remplacements antérieurs ne m’avaient pas donné envie de m’installer mais celui-ci est différent. Le Dr Legros a laissé une patientèle d’un millier de fiches dont je récupère lentement une grande partie, mon activité est donc viable. L’aide pratique de la municipalité m’aura été précieuse et je bénéficie d’un soutien permanent du maire. » Présent à son cabinet tous les jours ouvrables, le généraliste consulte le matin et en soirée, effectuant entre-temps ses visites à domicile. Il comptabilise une trentaine d’actes médicaux par jour. Tout le monde semble gagnant.
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