Les réseaux sociaux ne doivent pas s'immiscer dans les relations médecins-patients. Ce sont les lecteurs du « Quotidien » en ligne qui le disent. Vous avez été plus de 200 à répondre à un questionnaire sur votre usage de Facebook et de Twitter.
Près de la moitié d'entre vous ont reconnu utiliser régulièrement ces services de communication en ligne, très souvent à titre personnel, mais aussi pour échanger ou diffuser de l'information auprès d'autres praticiens. Et pour la grande majorité, la ligne de démarcation est claire : pas question d'entretenir des relations avec les patients par ce biais. Twitter n'apparaît pas plus adapté que Facebook au dialogue avec la patientèle malgré la plus grande facilité à canaliser la diffusion d'informations sur ce réseau.
« Nous devons garder une distance avec les patients pour rester maître de nos émotions lorsque nous sommes amenés à gérer des pathologies graves », justifie un médecin.
Le Conseil national de l'Ordre lui-même met en garde les praticiens qui doivent « refuser toute sollicitation de patients désireux de faire partie de [leurs] relations en ligne » afin de ne pas « compromettre la qualité de la relation patients-médecins qui doit rester celle de l’empathie et de la neutralité des affects ».
Contraint de prendre un pseudo
Les risques ne sont pas seulement déontologiques. Les professionnels redoutent les incursions dans leur vie privée. « Le patient n'a pas à rentrer dans la vie du médecin comme cela », résume un lecteur. Il s'agit bien de ne pas se faire déborder dans la vie réelle comme dans l'espace virtuel : « Il y a à mon sens des limites à ne pas dépasser sous peine de se faire phagocyter par nos patients. Prenez comme exemple ceux auxquels, dans un contexte d'urgence, vous avez donné votre portable ou votre mail, ils ne savent pas les utiliser avec modération et/ou respect de votre vie privée. »
Les praticiens résistent donc aux demandes de contact de leurs patients qui ne sont pas rares sur Facebook (et dans une moindre mesure sur Twitter). « J'ai refusé toutes les sollicitations et j'ai fini par prendre un pseudo », raconte cet utilisateur de Facebook, visiblement dérangé par la démarche insistante de ses patients. Ceux qui s'y sont risqués le regrettent : « C'était une erreur d'accepter deux patients comme amis virtuels. »
« Gratifiant dans les échanges »
Les réseaux sociaux n'auraient donc aucun rôle à jouer dans les relations médecins patients ? Pas si sûr, estiment quelques uns d'entre vous, à condition, de pouvoir encadrer cet usage, voire de le limiter à un rôle institutionnel. Facebook pourrait servir de relais pour l'information, la prévention, l'éducation... « Pour modifier les comportements de masse du grand public et à condition qu'il n'y ait pas de conseil personnalisé », suggère l'un d'entre vous.
Enfin, et ils sont ultra minoritaires, il y a ceux qui y voient un formidable outil au service du médecin. Facebook « permet de mieux appréhender le patient dans sa globalité. "Dis moi qui tu fréquentes, je te dirais qui tu es " », justifie ce lecteur. « Gratifiant dans les échanges (surtout les patho lourdes... néo...) », relève ce praticien qui apprécie le feedback de ses patients à travers le réseau.
Mais là encore, vous y mettez des limites : « Le médecin doit apprendre à gérer les niveaux de confidentialité. La page Facebook est comme la salle d'attente de son cabinet, elle véhicule une image qui doit être professionnelle. » Prêt à transformer votre page Facebook en salle d'attente virtuelle ?
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