Le fléau des « lapins » – ces rendez-vous médicaux non honorés par les patients – n'est certes pas nouveau, mais il exaspère toujours davantage les médecins libéraux. À tel point qu'à la veille du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), l'UFML-Syndicat cible cet incivisme en réclamant une pénalité financière contre les patients concernés.
Joint ce vendredi par « Le Quotidien », le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-S, assume et propose de « taper au porte-monnaie, car les médecins ne peuvent pas "blacklister" ces patients ». Pour le généraliste de Fronton, cette pénalité financière doit rester « symbolique », de l'ordre « d'un ou de deux euros », car « beaucoup de Français n’ont pas les moyens de payer une consultation non honorée ». « C'est à l'Assurance-maladie et aux politiques de prendre leur courage à deux mains et de mettre en place des actions », ajoute-t-il.
Médecins débordés et… plantés tous les jours
Les enjeux sont considérables. Selon une extrapolation nationale de la récente étude de l'URPS médecins libéraux Île-de-France sur ce sujet, présentée en juillet, il y aurait jusqu'à 28 millions de rendez-vous non honorés chaque année. « Ce n'est plus acceptable que des personnes qui prennent la santé comme un produit de consommation n'aillent pas à leurs rendez-vous alors que d'autres ont dû mal à avoir accès à un médecin traitant », tonne le Dr Marty.
Dans des villes moyennes comme Montauban, explique-t-il, plus aucun généraliste n’accepte de nouveaux patients alors que le nombre d’habitants ne cesse d’augmenter. « Les médecins sont débordés et en même temps ils se font poser deux à quatre lapins par jour », se désole le généraliste.
À quoi pourrait servir l'argent des amendes récoltées ? Non pas aux médecins lésés mais à un fonds créé en faveur des déserts médicaux, avance le patron de l'UFML-S. « Il servirait à acheter du matériel et à mettre en place des maisons médicales dans des zones rurales », avance-t-il.
Pour sensibiliser directement les médecins (et surtout leurs patients) à ce fléau des rendez-vous gâchés, l'UFML leur propose de télécharger une affiche pour les salles d'attente et de signer une pétition pour un droit à facturation des consultations non honorées. Ce vendredi, cette pétition avait déjà recueilli plus de 8 200 signatures.
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