Le projet d’expérimentation de paiement au forfait des astreintes et des actes de PDS (permanence des soins) n’est même pas encore lancé qu’il se heurte déjà à l’opposition frontale de SOS Médecins. Par la voix de son président, le Dr Patrick Guérin, l’association d’urgentistes a déjà manifesté (« Le Quotidien » du 9 avril) son refus frontal d’une forfaitisation de ces astreintes et de ces actes, arguant du fait que la permanence des soins est l’activité principale de SOS : « Si cette forfaitisation est imposée, et non proposée, c’est un bras de fer qui s’engagera avec le ministère et nous nous retirerons du dispositif de PDS ». Le cahier des charges de ces expérimentations, qui doivent être menées d’ici un mois par des MRS (Missions régionales de santé) volontaires, ménage pourtant la chèvre et le chou. S’il précise en effet qu’ « il ne pourra pas y avoir coexistence des nouvelles modalités expérimentées avec les modalités de rémunération de la PDS actuellement définies par la convention nationale », il ajoute par ailleurs que les MRS candidates seront choisies sur la base d’un certain nombre de critères, au nombre desquels
« l’acceptation du dispositif par les partenaires locaux (CODAMUPS, Ordre des médecins, syndicats, association départementale d’aide médicale urgente) ».
Chiche !
Du côté des autres acteurs de la PDS, la menace de se retirer du dispositif ferait plutôt sourire. « SOS Médecins veut quitter la PDS ? Chiche ! Cela ne gênera que quelques bobos qui n’appellent le médecin qu’en dehors des horaires d’ouverture des cabinets », lance un brin moqueur le Dr Jean-Paul Hamon, patron de la FMF versant généralistes, responsable d’une MMG à Clamart dans les Hauts-de-Seine et favorable au projet. Du côté de MG France, on soutient aussi l’initiative, en rappelant au passage qu’elle doit notamment permettre de « consolider et étendre le réseau de MMG et de soutenir l'organisation de la PDS des médecins ruraux et de montagne ».
Quant au Dr Dominique Monchicourt, responsable de la Garde médicale de Paris (GMP), qui gère plusieurs points de garde de PDS dans la capitale, il ne cache pas une certaine lassitude : « SOS est supposé participer à la PDS pour les visites urgentes de patients qui ne sont pas en état de se déplacer. Je suis aussi médecin régulateur au Centre 15, et je peux vous dire que quand on a besoin d’eux pour une visite lourde, comme une douleur thoracique, ils annoncent toujours des délais de trois ou quatre heures. Ils préfèrent répondre à des appels non régulés pour des cas plus légers ». Il reconnaît cependant que tout n’est pas aussi noir : « En semaine, on peut encore compter sur eux, mais le week-end ou en période de pic épidémique, c’est une autre histoire. Dominique Monchicourt comprend fort bien dans ces conditions que SOS soit opposé à une forfaitisation que lui-même appelle de ses vux. Il souhaiterait un coup de pouce des pouvoirs publics pour mettre en place une « vraie PDS » à Paris : « Il faudrait multiplier les points de garde à Paris, et prévoir des médecins pour les visites incompressibles, mais quand on en parle aux pouvoirs publics, ils nous disent toujours que ce n’est pas la peine, puisqu’il y a SOS ».
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