Effectifs, recrutement, régime indemnitaire…

La copie du gouvernement ne convainc pas les médecins scolaires

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Publié le 23/04/2018
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Crédit photo : BURGER/PHANIE

La santé en milieu scolaire est-elle un sujet d'urgence pour le ministère de l'Éducation nationale ? En novembre dernier, la sénatrice des Bouches-du-Rhône Samia Ghali (PS) avait posé une question écrite au ministre Jean-Michel Blanquer au sujet du manque criant de médecins scolaires. Le ministère lui a répondu… cinq mois plus tard.

La sénatrice déplorait la pénurie « sans précédent » de médecins scolaires dans les établissements (moins de 1 000 en 2016 pour 12 millions d'élèves). « Devant la pauvreté de l'offre de santé au sein des établissements scolaires, il est nécessaire d'adopter des mesures fortes : il en va de la santé de nos enfants », clamait Samia Ghali.

Dans sa réponse tardive, le ministre reconnaît que le déficit de médecins scolaires « est très préoccupant » mais il met en avant le chemin parcouru. L'attractivité de la profession a été renforcée en 2015 en réévaluant le régime indemnitaire. Autre avancée : l'accueil d'internes dans les services de médecine scolaire pour « augmenter le vivier de candidats » – avec une rémunération des médecins tuteurs de 600 euros par an par interne. Une formation transversale en médecine scolaire, créée en avril 2017, doit permettre de mieux faire connaître la profession, assure le ministère. « Les postes vacants sont maintenus et prêts à être pourvus », précise-t-il.

Politique de recrutement

Sur le plan de l'exercice, la rue de Grenelle indique que les médecins sont désormais équipés « d'une application appelée Esculape », qui supporte le nouveau dossier médical scolaire. Le ministère cite également le travail engagé avec Ségur sur l'accès à la santé des enfants de 0 à 6 ans dans le cadre de la stratégie nationale de santé présentée en novembre. Une concertation devrait déboucher sur des actions de prévention.

Ces réponses, publiées dans le Journal officiel du Sénat, n'ont pas convaincu le Syndicat national des médecins de santé publique de l'Éducation Nationale (SNAMSPEN/SGEN-CFDT). Il juge que le régime indemnitaire de la profession est « bien trop inégalitaire », selon les rectorats. Quant au tutorat d’internes, « c’est une merveilleuse idée… tant qu’il y avait assez de médecins scolaires pour assurer cette fonction », ironise le syndicat. Il se demande s'il existe « une véritable politique de recrutement, sans la volonté d'aligner les salaires sur ceux des médecins de centres de santé ou de l’hôpital ».

Enfin, le recueil des données de santé de 12 millions d’élèves via l'application Esculape réclame du matériel, voire l’aide d’une secrétaire médicale. Or ni l'un ni l'autre n'est assuré pour chaque médecin scolaire. Le SNAMSPEN demande enfin « plus de lisibilité sur les rôles et expertises à mobiliser à l’école ».

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin: 9659