« Le préalable de la négociation est que la valeur de l'acte soit indexée sur l'inflation », défend le nouveau président d'Union Généraliste

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Publié le 08/11/2022

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Le Dr Frédéric Villeneuve, généraliste de 51 ans installé en secteur I à Ballancourt-sur-Essonne dans une zone classée ZIP +, a été élu la semaine dernière à la présidence d'Union Généraliste (UG), l'une des deux branches de la FMF. Il sera présent demain, dans la délégation du syndicat, pour l'ouverture des négociations en vue de la prochaine convention médicale.

LE QUOTIDIEN : Où exercez-vous et comment êtes-vous venu au syndicalisme médical ?

Dr FREDERIC VILLENEUVE : J'exerce la médecine générale depuis 2001 et me suis installé hier dans un nouveau cabinet à Ballancourt-sur-Essonne, une petite ville à côté de Corbeil-Essonnes, en zone ZIP+. Dans nos locaux de 600 m2 sont déjà présents un cardiologue, deux infirmières, une orthoptiste et deux podologues. Pour l'instant, ce sont des cabinets individuels mais, à terme, nous avons vocation à créer une maison de santé pluridisciplinaire (MSP) dès que d'autres généralistes nous auront rejoints.

Je suis adhérent de la FMF depuis 2016 mais je croyais le syndicat un peu endormi car je n'étais pas sur le forum. C'est au moment des récupérations par les Cpam des indus du Dipa (dispositif d'indemnisation pour perte d'activité pendant la pandémie, NDLR) fin 2021 que j'ai pris contact avec le syndicat pour connaître leur position.

Je me suis alors inscrit sur le forum que j'ai découvert. J'y suis devenu plutôt très actif pour échanger des idées et trouver des ébauches de solutions. Du coup, je suis entré au conseil d'administration de la FMF et au comité directeur d'UG il y a trois mois. Et puis on m'a proposé, mardi dernier, de prendre la présidence d'UG. J'ai dit oui tout de suite car j'ai trouvé que le contexte était compliqué mais intéressant.

Comment abordez-vous la négociation qui commence demain à la Cnam ?

J'y serai avec la présidente de la FMF, la Dr Corinne Le Sauder, le président de la branche spécialiste le Dr Bernard Huynh, et ma consœur d'UG la généraliste parisienne Geneviève Richard. C'est ma première négociation conventionnelle, donc je vais découvrir un peu le processus !

Ces discussions s'ouvrent dans un contexte où beaucoup de confrères sont très remontés sur la question de leurs conditions de travail. De plus, nous sommes dans une situation où il va falloir gérer la pénurie médicale. Même si les généralistes sont les professionnels de santé les mieux répartis, il en manque au moins 20 % et il n'existe aucune zone surdotée, contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire.

Vous réclamez 25 milliards d'euros supplémentaires pour les soins de ville. Pour quoi faire ?

Aujourd'hui, les soins primaires vont extrêmement mal de même que l'hôpital, lui-même en grande souffrance. Les deux sont intrinsèquement liés. Dès le début des négociations, nous allons défendre le préalable que la valeur de l'acte soit indexée sur l'inflation. Les cabinets ont dû faire face à l'augmentation des charges (l'eau, l'électricité, l'essence, les revalorisations salariales du personnel) sans pouvoir la répercuter sur nos actes qui n'ont pas été réévalués depuis 2016. Rien qu'en tenant compte de l'inflation, l'acte de base devrait être aujourd'hui à 28,75 euros.

Mais au-delà de cela, la demande forte des médecins, c'est une revalorisation au niveau de la moyenne européenne qui est de 50 euros. C'est pourquoi, nous soutenons l'appel à la grève du 1er décembre qui est parti du terrain.

Comment allez-vous défendre la médecine générale dans cette négociation ?

Aujourd'hui, on raisonne toujours maladie par maladie. On le voit avec ce qui est proposé pour les infirmières en pratique avancée (IPA) : prendre en charge des patients chroniques stabilisés. Mais le propre de la médecine générale c'est la polypathologie et la prise en charge du malade dans sa globalité. Nos patients ne viennent pas nous voir juste pour vérifier que leur tension est bien contrôlée, leurs motifs sont toujours multiples. Il faudra sans doute venir à cette pratique avancée infirmière mais de façon intelligente et coordonnée. À cet égard, je trouve le dispositif des infirmières Asalée plus pertinent car elles sont intégrées dans les cabinets médicaux et permettent de redonner du temps de soins aux médecins.

Quelles sont vos autres pistes pour augmenter le temps médical ?

Nos consultations sont embolisées par de multiples motifs qui ne sont pas que médicaux : certificats inutiles pour la cantine ou le sport et paperasserie administrative qu'il conviendrait de simplifier. Je pense aussi qu'il y a des solutions très simples qui nous permettraient de gagner du temps. Par exemple, un patient qui a une gastroentérite consulte généralement uniquement pour avoir un arrêt de travail, ce qui se comprend. Mais je crois qu'on pourrait faire confiance aux Français et leur laisser la possibilité de prendre un ou deux jours d'arrêt sans avis médical pour ce type de petites pathologies.


Source : lequotidiendumedecin.fr