« JE COMMENCE à bien connaître la Bretagne, sa géographie et ses professionnels ». Le Dr Christian Jeambrun, président du SML, s’y est rendu deux fois en deux semaines. Les élections approchent. Accompagné du Dr Éric Henry, responsable régional du syndicat, il compte sillonner la Bretagne toute la journée, en ce mardi de campagne. La météo est maussade, mais les deux syndicalistes ont le moral : « Ici, prévient Éric Henry, vous ne verrez pas de médecins qui dépriment, mais des professionnels qui s’organisent pour mettre en œuvre leurs projets ».
Première illustration avec la maison médicale de garde de Plouguernével. Ouverts uniquement le week-end, les locaux ont été mis à disposition par l’hôpital local il y a trois ans. En échange, le médecin de garde supervise les 25 lits de l’hôpital. Le Dr Muriel Saulnier, initiateur du projet avec ses trois confrères d’un cabinet de groupe voisin, précise que la MMG, qui tourne avec une dizaine de libéraux, réalise entre 30 et 35 actes chaque week-end. Deuxième étape : Auray dans le Morbihan, où Christian Jeambrun déjeune avec la Fédération Bretonne Interprofessionnelle de santé (FBI Santé), une structure qui se veut force de proposition sur l’offre de soins mais aussi force de résistance face à la mise en place de projets inadéquats ou inutiles. Rassemblant pour le moment environ 200 professionnels bretons, cette fédération espère en réunir un bon millier d’ici à la fin de l’année.
Prêcher la bonne parole.
Le déjeuner à peine avalé, le cortège repart, direction le pôle de santé « Ty Lann », à Bréhan dans le Morbihan. Le Dr Nicolas Thual l’a créé, voici 5 ans. Il y accueille deux généralistes, deux pharmaciens, deux dentistes, deux kinés, une diététicienne, six infirmiers, un ergothérapeute, un ostéopathe, un psychologue, un médecin du travail et deux ambulanciers. « J’ai créé ce pôle de santé à partir de rien, sans aucune aide, et sans réellement faire de projet médical en amont, puisqu’à l’époque, le modèle n’existait pas », précise Nicolas Thual à Christian Jeambrun.
L’agenda est serré, il faut déjà repartir. Une petite visite en passant à l’hôpital privé de Cesson-Sévigné en Ille-et-Vilaine et le Dr Jeambrun file…au centre hospitalier St-Grégoire, dans la périphérie rennaise. Il est 20 heures. « Nous allons prêcher la bonne parole pour le secteur optionnel », confie le président du SML en arrivant sur place où attendent une quarantaine de spécialistes de plateaux techniques lourds.
Christian Jeambrun attaque par un cours d’histoire conventionnelle sur les évolutions des relations entre médecins et pouvoirs publics des dix dernières années, mettant l’accent sur les promesses non tenues. Puis, le Dr Jacques Meurette, vice-président du SML et chirurgien, dresse un tableau globalement positif du projet de secteur optionnel. « Au début, j’étais très sceptique, confie-t-il en montant sur scène, mais plus je l’étudie, plus je le trouve attractif ! À chacun de vous de juger s’il vous convient ». Le président de la CME intervient en fin d’exposé pour douter du caractère réversible du choix du secteur optionnel. Pendant ce temps, le Dr Éric Henry, motivé, distribue des bulletins d’adhésion au SML… Au dîner de « debreafing » qui suit, Christian Jeambrun semble satisfait de son périple : « Je me sens rassuré d’avoir vu des professionnels de santé motivés, confie-t-il au « Quotidien », aimant le travail en équipe, et heureux de faire leur boulot ». La campagne continue.
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