Le Syndicat des psychologues dénonce l'« échec » de MonParcoursPsy au bout d'un an

Par
Publié le 05/04/2023
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : Voisin/Phanie

Un an après la mise en place de MonParcoursPsy, son bilan est « un véritable échec », juge le Syndicat national des psychologues (SNP). 

Mesure phare du plan gouvernemental dédié à la santé mentale et à la psychiatrie, ce dispositif donne la possibilité à toute personne de plus de trois ans et atteinte de troubles psychiques légers à modérés, de bénéficier, du remboursement de 8 séances d'accompagnement psychologique par an. Mais alors que le ministère de la Santé se félicitait (en mars) d'avoir convaincu 2 200 psychologues libéraux de participer au dispositif, le SNP réplique en affirmant que MonParcoursPsy ne fonctionne pas puisque « 93 % des psychologues ne l’ont pas intégré ». Il dénonce « les conséquences délétères sur l’organisation des soins en santé mentale et surtout la propension à creuser les inégalités sociales d’accès aux soins psychologiques ».

Cadre rigide

Les griefs du Syndicat national des psychologues sont nombreux. Les conditions d'accès au dispositif pour les patients seraient trop « restrictives ». Alors que la profession (de niveau BAC +5) est autonome en matière de traitements psychothérapeutiques, leur accès n'est pas direct dans ce cadre – le passage chez le généraliste étant requis. Cette consultation aurait « un impact potentiellement délétère pour la personne en souffrance à devoir répéter au cours des différentes étapes ce qui l'amène à consulter », explique Nolwenn Besnard, secrétaire générale adjointe du SNP. De surcroît, « pour beaucoup de collègues, il y a un sentiment de devoir rendre des comptes aux médecins, explique la psychologue. Le lien existe avec les médecins mais la coordination doit être choisie et non pas dans un cadre rigide ».

MonParcours Psy comporterait aussi trop de critères d'exclusion (enfant présentant un TDAH, adulte en arrêt de travail depuis plus de six mois pour dépression, etc.). La notion même de souffrance psychique légère ou modérée montre « la méconnaissance du ministère quant au travail des psychologues ». « Cela rajoute une charge de travail au généraliste qui va devoir évaluer le degré d'anxiété du patient et cela ne peut pas se faire au bout d'une séance », ajoute la syndicaliste.

Tarifs trop bas

Dans la même veine, la limitation du nombre de séances à huit par an obéirait plus à « une logique budgétaire qu'à la logique de psychothérapie ». Un suivi thérapeutique est à « l'image d'une plongée sous-marine avec des paliers qui doivent être respectés pour aller en profondeur », plaide le SNP. « Il ne peut y avoir un nombre limité de séances remboursées », plaide le syndicat.

Enfin, les tarifs proposés sont toujours jugés trop bas (40 euros pour la première séance d'évaluation puis 30 euros les séances suivantes) alors que les prix pratiqués par les psychologues libéraux oscillent entre 50 et 70 euros (pour une durée de 45 minutes à 1 h 15). Conséquence : le professionnel serait contraint de diminuer le temps de consultation limitant l'efficacité recherchée du soin.

Deux vitesses ?

Enfin, des critiques portent sur le parcours même du patient. En cas de non-amélioration de l'état de santé, le patient est orienté vers un psychiatre libéral avec « un risque de dépassements d'honoraires ou une structure hospitalière spécialisée qui nécessite à chaque fois un délai d'attente trop long ». « Cela renforce l'existence d'un système de santé à deux vitesses », estime Nolwenn Besnard. « Nous avons le sentiment qu'il y a un décalage entre le ministère et le terrain dans le champ de la santé mentale, regrette la psychologue clinicienne. On fait des remontées consensuelles avec les médecins mais les moyens mis en place sont incohérents ». Le SNP demande la création massive de postes de psychologues et un accès direct des patients avec des tarifs cohérents.  


Source : lequotidiendumedecin.fr