Partage de compétences

Les cardiologues disent banco aux IPA

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Publié le 03/12/2021

Le syndicat des cardiologues publie un guide de bonnes pratiques pour promouvoir le travail en équipe avec les infirmiers en pratique avancée (IPA). À la clé, une meilleure prise en charge des patients chroniques, très nombreux dans la spécialité, et des conditions de travail améliorées.

En 2017, 15,9 millions de Français ont consulté leur cardiologue 2,3 fois en moyenne

En 2017, 15,9 millions de Français ont consulté leur cardiologue 2,3 fois en moyenne
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Se partager le travail pour une prise en charge plus efficiente. Tel est l'argument du Syndicat national des cardiologues (SNC) pour promouvoir la collaboration avec les infirmiers en pratique avancée (IPA). Impulsés par la loi Buzyn de 2018, ces derniers sont formés avec un Bac +5 (Master) à une approche « multidimensionnelle » des soins et une prise en charge « holistique » des patients dans plusieurs domaines*, dont les pathologies chroniques stabilisées et polypathologies courantes.

À l'heure où presque deux millions de Français souffrent d'insuffisance cardiaque chronique et 15 millions d'hypertension, la place de ces infirmiers « upgradés » est toute trouvée auprès des cardiologues libéraux, estime le SNC. « Les syndicats doivent être acteurs du changement, le système de santé est à bout de souffle, nous nous devons donc d'apporter des outils aux médecins », plaide son président, le Dr Marc Villaceque, cardiologue à Nîmes (Gard). Il a mis sur pied un guide pour aider les cardiologues à se lancer dans l'exercice partagé avec un IPA, dont la première promotion a été diplômée en 2021.

Concrètement, en cardiologie, l'infirmier en pratique avancée peut s'occuper, en autonomie et avec une responsabilité propre, des patients avec un syndrome coronarien chronique, de l'hypertension artérielle ou du diabète pour adapter leurs traitements, faire de l'éducation thérapeutique, des actions de prévention (tabac, hypertension, cholestérol, etc.). Le suivi est alterné entre médecin et infirmier, en fonction de la stabilité du patient.

Bénéfices multiples

« Il y a une première consultation avec un entretien et un examen clinique, où l'on propose un suivi formalisé par un document, avec le consentement du patient, explique Éléonore Vitalis, IPA au centre de santé de Nanterre (Hauts-de-Seine). Puis on discute avec le médecin du parcours. Je travaille, par exemple, beaucoup sur l'adhérence aux traitements, les sorties d'hospitalisation, où il y a souvent un gros travail à faire sur la conciliation médicamenteuse entre les ordonnances. »

Dans les cabinets de libéraux, plusieurs points sont toutefois à éclaircir avant de débuter une collaboration. « Il faut discuter la question des locaux dans le cabinet médical, celle du salariat ou non de l'infirmier et l'amorçage du recrutement, souligne le Dr Vincent Pradeau, secrétaire général du SNC. Il faut ensuite mener la réflexion auprès du patient ».

Pour l'instant, les médecins libéraux ne bénéficient pas d'une aide spécifique pour le salariat d'un IPA. Un financement pourrait cependant être mis en place dans le cadre de l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) sur les maisons de santé pluriprofessionnelles en cours de négociation. Mais l'infirmier peut aussi exercer en libéral. Dans ce cas, il est rémunéré par forfait (un montant d'éligibilité et plusieurs forfaits trimestriels) et peut également bénéficier d'aides à l'installation.

Une fois ces questions réglées, les bénéfices attendus sont « multiples » : soutien sur les prises en charge complexes pour libérer du temps médical, plus grande efficience du parcours de santé des patients mais également hausse de la file active et amélioration des conditions d'exercice du cardiologue. Sur le long terme, une réduction des dépenses de santé et une diminution des durées moyennes de séjour sont espérées. S'il n'a pas recensé le nombre de cardiologues libéraux engagés dans un partenariat avec ces « super infirmiers », le syndicat espère motiver ses troupes pour les prochaines années. Quelque 800 IPA (toutes spécialités) sont attendus en 2022.

* Urgences, psychiatrie, oncologie et hématologie, maladies rénales et dialyse, pathologies chroniques stabilisées et polypathologies courantes en soins primaires.

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin