LE DR ÉRIC DELOUS, 31 ans, a été inhumé mardi en présence de membres de la communauté médicale montpelliéraine. L’anesthésiste a mis fin à ses jours la semaine dernière. Il avait été mis à pied après un accident médical, une erreur de dosage, qui, en janvier, a conduit à la paralysie d’un nourrisson de 6 mois. Les réactions sont nombreuses après ce double drame, beaucoup stigmatisant le manque de suivi du jeune médecin.
Soulignant les conditions de travail « de plus en plus précaires, avec un exercice de plus en plus difficile de leurs responsabilités et toujours la hantise de l’erreur médicale », les praticiens hospitaliers, par la voix de leur Confédération (CPH), disent leur compassion et leurs pensées aux deux familles mais aussi leur colère face à la position de la direction du CHU, « qui s’est crue autorisée sous de mauvais prétextes à décider d’une mise à pied renouvelée de (leur) jeune collègue, le stigmatisant maladroitement dans la faute en le mettant à l’écart de son exercice professionnel et de ses patients ». Ils estiment que, dans de tels cas, c’est à la justice et aux instances ordinales et professionnelles, et à elles seules, de juger des mesures à prendre.
La Coordination médicale hospitalière adresse de son côté à la communauté médicale montpelliéraine et aux familles « un message fort de compassion et de grande tristesse ». Pour elle, ce drame illustre « de la façon la plus brutale, les difficultés et la complexité des pratiques modernes ». Et « au-delà de la responsabilité personnelle et des équipes », la CMH juge nécessaire « un engagement collectif des équipes et des décideurs pour faire en sorte que le risque médical à l’hôpital soit expliqué et n’entraîne ni dérive ni stigmatisation mais encourage la revue de vulnérabilités et la mise en uvre des process permanents de qualité pour en diminuer le nombre et les effets ».
Le SMARNU (Syndicat des médecins anesthésistes-réanimateurs non universitaires) souligne pour sa part que ce n’est pas le premier suicide, dans une profession peu nombreuse et réclame, entre autres, un soutien psychologique automatique en cas d’accident ou de « near-miss », le respect des réglementations du travail et des conditions de sécurité et la prise en compte de la pénibilité du travail.
Dans le même temps, le directeur du CHU de Montpellier était convoqué au ministère pour être entendu à la suite de sa condamnation pour harcèlement moral envers trois de ses anciens cadres. Son départ « est irréversible », estime le Pr Jacques Domergue, député UMP et spécialiste en chirurgie digestive au CHU. « Le climat s’est dégradé à cause du suicide d’Éric Delous, mais le problème existait avant. Il est difficile de gérer un établissement quand on est condamné pour harcèlement moral. »
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