La commune bretonne n’est pourtant pas en zone déficitaire

Malgré ses atouts, Hénon, en Côtes-d’Armor, ne trouve pas de médecin

Publié le 23/03/2009
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Située dans les terres, à 20 kilomètres environ de Saint-Brieuc, la petite ville de Hénon (2 000 habitants) se retrouve sans médecin généraliste depuis que le dernier praticien de la ville a choisi d’arrêter, au 31 décembre dernier, son activité libérale pour devenir médecin salarié,. Certes, la commune bretonne n’est ni la première ni la dernière à se trouver dans cette situation, qui pénalise les habitants et soucie les élus. Mais dans le cas de Hénon, après avoir cherché sans succès à trouver un successeur par l’entremise du conseil départemental de l’Ordre des médecins et par Internet, la municipalité a choisi de passer une annonce dans la presse, et notamment dans « Le Quotidien », « Libération », et « Le Figaro ».

« Nous avons reçu environ 15 appels de médecins », indique au « Quotidien » Martine Robert, secrétaire générale de la mairie de Hénon. Sans compter près de dix appels d’agences de recrutement de médecins étrangers auxquels la mairie a choisi de ne pas donner suite .... « du moins pour l’instant », ajoute prudemment Martine Robert.

Parmi les appels de médecins reçus, plusieurs provenaient de médecins étrangers : deux roumains, un marocain, un togolais et un algérien. « Le problème, précise la secrétaire générale, c’est que si ces médecins parlent très convenablement français, certains d’entre eux n’ont pas validé leur diplôme en France et ne peuvent donc pas exercer pour l’instant ». Parmi tous les médecins qui ont appelé, le maire, Georgette Bréard, en a d’ores et déjà reçu six. « Tous très intéressants », précise encore Martine Robert, mais rien n’est encore finalisé. La mairie ne peut cependant trop mettre la main à la poche, faute de budget, pour faciliter l’installation d’un médecin. Tout au plus peut-elle s’engager à accompagner le médecin dans ses recherches de logement, et à restaurer un bâtiment municipal pour en faire un cabinet médical, qu’elle louera ensuite à un éventuel candidat. La municipalité de Hénon reste cependant mobilisée, car selon Martine Robert, les habitants de Hénon ont de grosses difficultés à obtenir un rendez-vous chez les médecins des communes avoisinantes : « Ils sont déjà presque saturés et ne peuvent pas ou ne souhaitent pas augmenter leur patientèle », ajoute Martine Robert.

Les réserves de l’Ordre départemental

Au Conseil départemental de l’Ordre des médecins, la tonalité est cependant sensiblement différente. Le responsable de la commission de la démographie médicale, qui souhaite garder l’anonymat « pour des raisons déontologiques », indique ainsi au « Quotidien » que « la commune de Hénon ne fait pas partie des zones déficitaires en offre de soins ». Certes, continue-t-il en substance, une analyse de la situation

commune par commune fait apparaître que Hénon est effectivement dépourvu de médecin, mais « le fond du problème n’est pas la commune, c’est l’organisation des soins dans la communauté de communes. A Hénon comme ailleurs généralement en Bretagne, on dispose globalement de suffisamment de médecins. Ce qui manque, c’est leur bonne répartition, ainsi qu’une organisation satisfaisante ». L’élu ordinal va d’ailleurs encore plus loin, prédisant que Hénon aura du mal à faire venir, et surtout à conserver, un médecin sur son territoire communal : « Au bout de deux ans, soit il en aura assez de vivre en zone rurale, soit il en aura assez de faire des gardes à répétition, et il partira ». A l’inverse selon lui, de plus en plus de médecins n’hésitent plus à vivre en zone urbaine et à faire chaque jour 50 ou 60 kilomètres pour aller exercer dans un pôle de santé structuré : « L’exercice en cabinet isolé n’attire plus et je le comprends ».

 HENRI DE SAINT ROMAN

Source : lequotidiendumedecin.fr