Installé à Noues de Sienne (Saint-Sever Calvados), une commune rurale de 1 400 habitants, le Dr Frédéric Chapon, 51 ans, est sorti de ses gonds. Depuis son installation, il y a 20 ans, dans un cabinet avec son épouse, il a vu l'offre médicale sur son territoire se réduire comme peau de chagrin. Et n'accepte plus cette situation. « Nous étions quatre médecins généralistes, désormais nous ne sommes plus que deux. Des spécialistes libéraux qui sont partis ne sont pas du tout remplacés. Bref, la désertification dans notre secteur de 5 000 habitants s'aggrave », raconte-t-il.
Depuis plusieurs mois, le généraliste s'alarme de l'avenir de l'hôpital de Vire (Calvados) et de l'offre de soins pluridisciplinaires. « Nous étions déjà sinistrés en spécialistes libéraux, pas de pédiatres, ni de dermatologues ! Mais nous allons aussi être sinistrés en spécialistes hospitaliers », se désole le Dr Chapon.
Stress pour les familles
De fait, une réorganisation de l'offre hospitalière est en cours. Les spécialistes hospitaliers (cardiologues, pneumologues, gastroentérologues) sont invités à se regrouper à l'hôpital de Flers, voire au CHU de Caen. « La psychiatrie est déjà condamnée sur Vire et les hospitalisations se font à Caen, c'est une source de stress pour les familles et les médecins. Or, nous avons besoin de toutes ces spécialités pour organiser la prise en charge de nos patients. Quand il nous faut une fibro, un échocardiaque, nous sommes incapables de les faire », explique le médecin.
Face au sentiment d'« abandon », le généraliste n'a pas voulu rester les bras croisés. Depuis des mois, il mobilise les acteurs du territoire : médecins, élus et patients. « Nous avons fait des réunions pour trouver des moyens de sauver l'hôpital de Vire. C'est une solidarité par rapport à la population qu'on soigne », explique-t-il.
Pour le Dr Frédéric Chapon, la solution à ces graves difficultés d'accès aux soins n'est pas locale mais nationale. « Je demande à Agnès Buzyn d'agir pour lutter vraiment contre cette pénurie médicale organisée. Il faut former un nombre suffisant de médecins pour couvrir les besoins de la population ».
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