Enquête IFOP sur les intentions de vote des médecins

Sondage URPS : morcellement et radicalisation de la profession

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Publié le 24/09/2015
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Crédit photo : S. Toubon

Des vainqueurs différents dans chaque collège, un recul de la CSMF, une poussée des syndicats aux discours les plus radicaux : tels sont les enseignements de notre sondage IFOP, à un peu plus de deux semaines des élections aux URPS.

• MG France garde le leadership chez les généralistes

Dans le collège des 60 000 généralistes, c’est MG France qui tire son épingle du jeu avec un tiers des suffrages exprimés (33 %). Le syndicat de Claude Leicher, fer de lance de l’équité tarifaire de gré ou de force, se situe à un étiage similaire à 2010 (30 %) et 2006 (31,2 %). MG France réalise des scores flatteurs chez les femmes (43 %), auprès des très jeunes médecins (57 % des moins de 40 ans) et parmi les praticiens proches de la gauche (46 %). Derrière – c’est nouveau – trois organisations sont au coude à coude : l’UNOF (CSMF) avec 23 % des voix, talonnée par la FMF et le SML (21 % chacun).

Si les équilibres restent inchangés dans ce collège, on constate que le SML du Dr Éric Henry (bien implanté chez les MEP) et la FMF de Jean-Paul Hamon (soutenue par les médecins pigeons), tous deux partisans de l’abrogation de la loi Touraine, grignotent des voix par rapport au précédent scrutin alors que la CSMF voit son audience s’éroder un peu (27 % en 2010).

• Le BLOC intouchable dans le collège AOC ?

En 2010, Le BLOC avait créé la surprise en s’imposant dans le nouveau collège des plateaux techniques avec la majorité absolue des suffrages (57 %) alors que cette structure s’était constituée quelques mois auparavant, regroupant les anesthésistes de l’AAL, les chirurgiens de l’UCDF et les obstétriciens du SYNGOF. Rebelote ! La confirmation est spectaculaire puisque ce syndicat partisan du « blocage sanitaire » contre la loi de santé obtiendrait 60 % des voix (68 % chez les moins de 50 ans), confortant sa domination aussi bien en province qu’en région parisienne. Dans ce collège qui réunit 15 500 spécialistes de bloc opératoire, le SML arrive en deuxième place (20 %), devant la CSMF qui chute (10 % contre 19 % en 2010).

• Autres spécialistes : la CSMF toujours majoritaire, le SML en embuscade

Chez les 40 713 spécialistes non AOC, la CSMF (UMESPE) supplante tous ses concurrents mais avec une domination moindre. Avec 43 % des voix, la centrale de Jean-Paul Ortiz ne retrouve pas la majorité absolue (51 % en 2010) et voit le SML se rapprocher (36 %). La FMF améliore son résultat avec 19 % des suffrages. L’âge et le sexe apparaissent comme des marqueurs du vote spécialiste puisque le SML réalise des scores élevés chez les femmes (49 %) et parmi les praticiens de moins de 50 ans (60 %). La CSMF l’emporte nettement chez les hommes (47 %), les plus de 60 ans (57 %) et en région parisienne (66 %).

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• Enjeu national et politique

Les motivations du vote apparaissent clairement liées à l’opposition à la loi de santé (65 %), loin devant les enjeux régionaux et les revendications tarifaires (11 % chacun). Si elle se confirme dans les urnes, la poussée des organisations au discours jusqu’au-boutiste (abrogation de la loi Touraine, appel à la grève), et le repli (relatif) de la CSMF qui campe sur une ligne perçue comme moins frontale (« détricotage » de la loi Touraine, pas de fermeture des cabinets libéraux), dessinent l’image d’une profession exaspérée, morcelée et tentée par la radicalisation. Une équation complexe qui risque d’ouvrir de nouveaux jeux d’alliances et aura des conséquences lors des prochaines négociations conventionnelles.

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Cyrille Dupuis

Source : Le Quotidien du Médecin: 9435