Un généraliste va injecter des demi-doses de vaccins AstraZeneca en riposte à la logistique « stupide » du gouvernement

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Publié le 12/03/2021

Crédit photo : S.Toubon

Le manque de vaccins AstraZeneca a obligé le gouvernement à faire des choix d’approvisionnement – en priorisant cette semaine les officines – quitte à déclencher la colère des médecins libéraux vaccinateurs.

Pour ne pas pénaliser ses patients, le Dr Jean-Yves Schlienger, généraliste installé dans la petite commune de Cormicy (Marne), a pris la décision de réaliser la première injection avec une demi-dose d’AstraZeneca. « À partir de la semaine prochaine, je vais être contraint de fonctionner ainsi, confie ce vendredi au « Quotidien » le généraliste de 67 ans, adhérent de la FMF. J’ai 20 patients qui ont pris rendez-vous, mais un seul flacon de dix doses à disposition ! Or, je me suis engagé auprès d’eux, ils ont des comorbidités, dont du diabète, je n’ai pas envie de les rappeler pour annuler une vaccination dont ils ont vraiment besoin. D’où cette solution de la demi-dose, qui me permettra de vacciner tout le monde avec un seul flacon. »

Décision ponctuelle et personnelle

Une décision « personnelle » et plus « pratique que politique » – même s’il estime que l’approvisionnement a été géré de façon « stupide ». D’autant que, selon le généraliste, ce choix de la demi-dose initiale (avec une dose standard en seconde injection) n’altère pas l’efficacité du vaccin. « D’après les études faites par AstraZeneca, les demi-doses en première injection suivies d’une dose standard sont plus efficaces », affirme le généraliste.

En décembre, le laboratoire AstraZeneca et l’université d’Oxford avaient publié les premiers résultats validés concernant le vaccin dans « The Lancet », faisant état d’une efficacité de 62 % pour une vaccination à deux doses standards et de 90 % avec un schéma d’une demi-dose suivie d’une dose standard. Mais ce phénomène observé pour des vaccins infantiles commande des études complémentaires pour vérifier les mécanismes immunitaires. Or, dans son autorisation accordée fin janvier 2021, l’agence européenne du médicament (EMA) n’a pas pris en compte les données concernant le sous-groupe de l’essai clinique avec administration d’une demi-dose.

L’Ordre local tique

Le médecin précise que tous les patients concernés seront informés avant leur venue au cabinet et pourront refuser ce schéma vaccinal. « Dès que je pourrais récupérer plus de doses, je recommencerai à vacciner avec deux doses standards, conclut le Dr Jean-Yves Schlienger. C’est une décision ponctuelle liée à l’incertitude actuelle. »

Interrogé dans la presse locale, le président de l’Ordre des médecins de la Marne juge la position de son confrère « contre-productive » et pas justifiée par la tension sur l’offre de vaccins. « Ce choix est contraire aux recommandations de Santé Publique France », souligne l’ordinal pour qui « des remarques » – à défaut de sanctions – s’imposent.


Source : lequotidiendumedecin.fr