L'affaire est peu banale : un généraliste intervenant dans un centre de vaccination anti-Covid d'Alençon, dans l'Orne, a été renvoyé pour avoir dissuadé certains patients de se faire vacciner. La presse locale a relayé ce couac que le président du conseil départemental de l'Ordre des médecins de l'Orne a confirmé au « Quotidien ».
Le Dr Jean-Michel Gal précise que le comportement, qui remonte au mois de juin, de ce « jeune médecin ayant une licence de remplaçant » va être signalé à l'Ordre départemental du Calvados dont il dépend et auprès duquel il devra s'expliquer. Le CDOM de l'Orne a reçu plusieurs témoignages alertant sur ses pratiques douteuses. Les médecins du centre de vaccination où il opérait l'avaient écarté après l'avoir entendu.
« Tu sais, c'est dangereux, on peut en mourir »
« Il dissuadait les jeunes de se faire vacciner en leur disant " Tu sais, c'est dangereux, on peut en mourir, …" et à la fin il leur disait : " Alors, t'es toujours d'accord pour te faire vacciner ?" », raconte le Dr Gal qui rappelle que ces propos vont à l'encontre des recommandations officielles sur la vaccination anti-Covid. Le généraliste aurait tenu ce discours auprès de jeunes patients uniquement. « C'est la première fois que j'entends parler d'une affaire comme celle-ci », confie le président du CDOM.
Des vaccinateurs attirés par l'appât du gain ?
Mais il reste vigilant sur le bon fonctionnement des centres de vaccination du département. Le Dr Gal précise ainsi qu'il a fallu « faire le gendarme » dans les plannings de vacation des vaccinateurs – médecins et autres professionnels de santé.
« On a des Parisiens qui prennent des semaines entières de vacations, c'est de l'incohérence totale, s'indigne le Dr Gal. J'ai eu le cas d'une personne en dentaire, qui nous a pris 130 plages, des semaines entières qui se chevauchaient dans différents centres ! J'avais déjà dû intervenir auprès d'un confrère. » Pour éviter les dérives, le médecin explique qu'un règlement a été instauré limitant les vacations à huit par mois.
La rémunération attractive des vacations a déjà été à l'origine d'une polémique visant les médecins remplaçants, accusés de déserter les cabinets au profit des centres de vaccination, obligeant le syndicat ReAGJIR à faire une mise au point.
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