Même si la santé n’est pas une compétence communale ou intercommunale, les maires se sentent pousser des ailes. En première ligne au début de l'épidémie, les édiles ont répondu dans l'urgence, palliant les carences de l'État central, pour fournir des masques et des blouses, puis organiser des centres de consultation, de dépistage, de vaccination ou de distribution de médicaments, en lien direct avec la médecine de ville et l'hôpital.
Avant même la crise, « nous avions commencé à nous emparer des questions de santé, notamment pour lutter contre la désertification médicale en finançant des maisons de santé ou l'installation de médecins », a souligné Frédéric Chéreau, maire socialiste de Douai (Nord), lors du récent congrès des maires de France. Mais la crise sanitaire passée, « on veut nous mettre aux oubliettes », redoute le même élu.
Ce congrès a pourtant confirmé que la santé était devenue un sujet central pour tous les maires. Ces derniers se sentent « légitimes » pour prendre le taureau par les cornes face aux doléances de leurs administrés, qu'il s'agisse d'accès aux soins ou de santé publique. « On veut nous faire croire que la santé est une affaire strictement médicale, regrette Frédéric Chéreau. Or, les deux tiers des déterminants sont non médicaux. C'est l'alimentation, le logement, la qualité de l'eau, de l'air, les relations sociales… Sur ces déterminants, notamment ceux relevant des maladies chroniques ou de la santé mentale, les maires ont la main. »
Concurrence
Les édiles disposent déjà d'outils pour s'adapter aux besoins de la population en fonction d'une offre médicale qui se raréfie. Le premier levier est le contrat local de santé (CLS), et son pendant pour la santé mentale. Conclu entre l'ARS et une ville ou une intercommunalité, il vise à réduire les inégalités territoriales et sociales, en soutenant et en coordonnant les actions locales (promotion de la santé, prévention, politiques de soins et accompagnement médico-social).
Parfois accusés d'être des coquilles vides, ces contrats locaux de santé se multiplient, signe d'une dynamique. Le ministère en recense 313 opérationnels et 200 en préparation. À Beauvais, (Oise), le CLS signé en 2019 a mis autour de la table soignants, institutions et associations. Dans ce territoire où les médecins font défaut, « chaque clocher voulait sa maison médicale, ce n'était plus possible », témoigne Charlotte Colignon, conseillère municipale. « On a regardé, par rapport à l'offre médicale, comment se mettre d’accord sur les communes où accueillir des praticiens sans se faire concurrence, dit-elle. Nous avions la volonté de fédérer les énergies. »
Responsabilité populationnelle
À Quimper (Finistère), c'est le concept de « responsabilité populationnelle », importé du Québec et promu par la Fédération hospitalière de France (FHF), que l'on teste depuis plusieurs mois. Ce modèle implique que l’ensemble des acteurs de santé élabore un programme d’action partagé allant de la prévention jusqu’à la prise en charge des patients complexes. « Que l'action soit faite à l'hôpital, en ville, par un infirmier, un médecin… peu importe. L'important est que le patient soit pris en charge », explique Antoine Malone, directeur de projets à la FHF. Les maires ont ici un rôle de catalyseur. Pour Isabelle Assih, maire socialiste de Quimper, « la responsabilité populationnelle réclame une coordination pour une prise en charge globale, c’est facile à dire mais compliqué à mettre en œuvre, mais on a tout à gagner ».
Ces initiatives ne suffiront pas pour vaincre les déserts médicaux, dans la période difficile des prochaines années qui verra de nombreux départs de praticiens sans que la hausse du numerus clausus ne produise encore ses effets. D'où la nécessité d'actionner tous les leviers. « Les maires doivent faire preuve d'imagination avec les maisons de santé, l'accueil et l'accompagnement des internes, le logement et l'emploi pour le conjoint, énumère Véronique Besse, maire des Herbiers (Vendée). Il n'y a pas de solution miracle. »
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