Y aura-t-il bientôt des « flying doctors » de Dijon acheminés par avion vers l'hôpital de Nevers, durement impacté par la pénurie médicale ? Selon le maire de Nevers, Denis Thuriot (Renaissance), président du conseil de surveillance de l’hôpital, il manque jusqu'à « une vingtaine de médecins et au moins une soixantaine d'infirmiers » – dont des infirmiers anesthésistes – pour assurer la continuité des soins à l'hôpital de la ville. Une carence qui pèse lourdement sur l'activité de l'établissement, en déficit de six millions d'euros dont « trois millions ont servi à rémunérer les médecins intérimaires ».
Pour sortir de l'ornière, l'édile a avancé une « solution innovante », consistant à mettre en place, à compter de janvier 2023, une… liaison aérienne entre sa commune et Dijon, seule ville de la région qui dispose d'un CHU. Celle-ci servirait à acheminer rapidement du personnel soignant volontaire dijonnais vers Nevers. « Il y a environ 19 médecins par mois qui viennent courageusement de Dijon aider notre hôpital, confie l'édile au "Quotidien". Ils restent parfois deux jours. Mais ce qui bloque est le temps de trajet. »
À défaut d'autoroute et de TGV, le parcours entre ces deux villes dure 2 h 45 en voiture et plus de deux heures en train. « Les jeunes médecins me disent qu'ils sont prêts à venir mais pas avec ces délais-là ! assure le maire. La solution, c'est donc l'avion pour leur permettre de rentrer chez eux en 35 minutes. »
35 minutes de vol, 13 000 euros par rotation
Chaque rotation (aller-retour) hebdomadaire – ou bihebdomadaire – coûterait environ 13 000 euros pour un avion d'une dizaine de places (en regroupant les consultations des praticiens dijonnais). « Avec deux rotations par semaine, cela coûterait la moitié du coût des médecins intérimaires, calcule le maire. Et cela pourrait inciter des spécialistes de ville à venir plus souvent consulter à l'hôpital. » « L'aéroport fonctionne, ajoute le maire. Il peut aussi servir à d'autres passagers dans le monde économique. » Denis Thuriot aurait obtenu l’accord de principe d’une compagnie lyonnaise, même si rien n'est signé et que d'autres contacts ont été pris.
L'édile se tourne aussi vers l'agence régionale de santé (ARS) pour voir si elle peut participer au financement du projet. Le maire doit aussi rencontrer les responsables du CHU de Dijon et souhaite assurer la venue de nouveaux internes où ils logeraient dans le nouvel internat construit par la ville.
Quid de l'empreinte carbone de son initiative ? L'argument écologique est balayé par Denis Thuriot qui dénonce « des postures démagogiques ». « Ce n'est pas quelques rotations par semaine qui vont faire exploser la Terre », réagit-il. Pour ce soutien d'Emmanuel Macron, l'accès aux soins équitable reste la priorité absolue. « Pendant 30 ans on n'a jamais fait l'effort de rapprocher Nevers de sa capitale régionale… Aujourd'hui, on en paie le prix. »
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