« L'accès aux soins n'est plus assuré sur tout le territoire » : en congrès à Dijon (et sans ministre), MG France alerte sur l'urgence sanitaire

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Publié le 24/06/2022
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La ministre de la Santé et de la Prévention, Brigitte Bourguignon, aurait dû être présente demain au 9e congrès de MG France qui s'est ouvert ce vendredi à Dijon. Mais contrainte à la démission après sa défaite aux législatives dimanche et alors que le gouvernement actuel est toujours en sursis, sa venue a été annulée. « Une crise institutionnelle » inédite regrettée par le Dr Jacques Battistoni, président de MG France, qui a rappelé, dans son discours d'ouverture, « l'urgence sanitaire » alors que les portes d'entrée des hôpitaux commencent à saturer partout sur le territoire et que plus de cinq millions de Français sont privés de médecin traitant.

Praticiens fatigués

À défaut de ministre, environ 400 médecins généralistes — dont un certain nombre accompagnés des internes de leurs cabinets — ont fait le déplacement en Bourgogne Franche-Comté, une région qui fut « un laboratoire d'idées pour MG France », allusion du président du syndicat de généralistes aux premières maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) qui y ont vu le jour dès les années 2000.

Trois ans après le dernier congrès du syndicat à La Grande Motte en 2019, « il s'est passé beaucoup de choses pour la médecine générale », a confié le Dr Battistoni au « Quotidien », à commencer évidemment par la crise du Covid qui laisse « beaucoup de praticiens fatigués » et a « suspendu plusieurs dossiers qui permettraient  d'améliorer des conditions de travail des généralistes ».

À ce titre, ce congrès s'inscrit dans un contexte particulier : les conclusions de la mission flash de François Braun, président de Samu-Urgences de France, sur les urgences et les soins non programmés, sont attendues mardi prochain. Certaines d'entre elles (permanence des soins, télémédecine, tarifs des soins non programmés, etc.) devraient concerner très directement la médecine générale, même si elles pourraient coûter cher à l'Assurance-maladie ; et rien n'est moins sûr qu'elles soient retenues par les pouvoirs publics, a fortiori dans une période où le gouvernement n'est pas définitivement formé.

Plusieurs autres syndicats invités

L'enjeu de plus long terme pour MG France est la prochaine convention médicale dont les négociations commenceront à l'automne. Et pour la première fois, des représentants des principaux syndicats de médecins libéraux (la CSMF, Avenir Spé, la FMF ainsi que le syndicat des infirmières de pratique avancée) ont été invités au congrès de MG France et ont accepté de participer à une table ronde commune, en présence du directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme.

Quatre réunions de travail ont déjà eu avec l'Assurance sur l'état des lieux de la convention actuelle, au cours des dernières semaines. « Elles ont déjà permis de confronter les opinions de chacun et je crois qu'il y a davantage de points de convergence que de désaccords entre les syndicats », décrivait le Dr Battistoni ce vendredi matin auprès du « Quotidien ». Le signe, peut-être, que certaines revendications seront portées cette fois de façon plus unitaire par les syndicats. 

Au programme de ce 9e congrès, plénières et ateliers avaient pour thèmes des sujets chers au syndicat monocatégoriel, à commencer par l'attractivité de la discipline et l'accès aux soins qui passe plus que jamais, selon MG France, par l'accès au médecin traitant. « La médecine générale sous sa forme actuelle est en grand danger de disparition, a résumé le Dr Battistoni, dans son discours d'ouverture. L'accès aux soins n'est plus assuré aujourd'hui sur tout le territoire. Donner un médecin traitant à tous est devenu un objectif alors que cela devrait être quelque chose de normal ».

Un nouveau référentiel

Parmi les solutions débattues lors de cette première journée de congrès, l'exercice coordonné et les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ont fait l'objet de discussions. « L'évolution vers davantage de coordination est inéluctable au vu des enjeux démographiques, a rappelé la Dr Florence Lapica, vice-présidente de MG France. Mais cela ne doit pas nous être imposé par le haut et par la loi. ».

Le Dr Claude Leicher, président de la fédération des CPTS, a défendu ces pools de libéraux même si ce dispositif laisse encore parfois ses confrères généralistes dubitatifs. « Certains médecins, qui se sentent bien dans leur MSP, voient les CPTS comme un objet superflu, constate l'ancien président de MG France. Or, ce sont deux choses différentes qui ne se font pas concurrence. La MSP s'occupe de soins et la CPTS de coordination ».

Fidèle à son histoire, MG France se montre très impliqué dans les travaux en cours du Collège de médecine générale sur la redéfinition du référentiel de la profession. « Faire évoluer le référentiel est pour nous un objectif stratégique, a expliqué la Dr Marie-Hélène Certain, experte du sujet à MG France. Ce sera un outil de négociation pour la prochaine convention. Plus nous serons précis dans la définition de notre métier, plus nous aurons une convention qui nous ressemble ».


Source : lequotidiendumedecin.fr