En Italie aussi, une réforme des retraites occupe le Parlement qui s'intéresse en particulier au corps médical. En effet, pour compenser la pénurie de praticiens hospitaliers et de généralistes conventionnés, la majorité qui regroupe le centre-droit et l’extrême-droite italienne, a présenté un amendement qui prévoit de reporter l’âge de départ en retraite à 72 ans. Actuellement, les médecins peuvent partir entre 67 et 70 ans selon les spécialités.
Pour les professionnels de santé, le projet de la majorité - qui concerne également le personnel administratif - est inacceptable et inopportun. « C’est un véritable coup de force du Parlement, un cadeau aux lobbies universitaires justifié par un faux prétexte qui ne règle pas la question de la pénurie de médecins sur le long terme », tonnent les syndicats de médecins, ANAOO et CIMA. Ils rappellent aussi que l’Italie est le pays le plus touché en Europe par le vieillissement de ses praticiens.
Selon un rapport publié en 2022 par l’OCDE, plus de 56 % des médecins italiens en activité ont largement dépassé le cap des 55 ans. Cette situation s’explique par le blocage des recrutements, le rehaussement progressif de l’âge légal du départ en retraite et le gel des postes après ces départs. Les syndicats soulignent également l’impact négatif du projet de la majorité qui renforcera ultérieurement le blocage des recrutements et les évolutions de carrière, selon eux.
« Il faut au contraire modifier la structure du système en commençant par augmenter le plafond des dépenses qui bloquent les recrutements notamment des jeunes médecins » estiment les syndicats. Ils demandent aussi au gouvernement d’interdire le recours aux coopératives de médecins intérimaires qui pénalisent les nouveaux recrutements.
En revanche, l’Enpam, la caisse de retraite des médecins et des chirurgiens-dentistes italiens, soutient le projet de la majorité. « Nous n’avons pas vraiment le choix, une telle mesure est désormais inévitable vu la pénurie actuelle de médecins pour éviter aux Italiens de ne pas pouvoir bénéficier du système de santé », a commenté le Dr Alberto Oliveti, président de l’Enpam.
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