Polynésie française, l’esprit du Pacifique

Rendez-vous en terres d’antipodes

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Publié le 26/04/2018
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Polynésie1-Pirogues

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Crédit photo : PHOTOS PHILIPPE BOURGET

Polynésie3-Rangiroa

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Crédit photo : PHOTOS PHILIPPE BOURGET

Polynésie5-Perles

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Crédit photo : PHOTOS PHILIPPE BOURGET

Polynésie4-Dauphin

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Crédit photo : PHOTOS PHILIPPE BOURGET

Polynésie6-Tikehau

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Crédit photo : PHOTOS PHILIPPE BOURGET

Polynésie7-Tatouage

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Crédit photo : PHOTOS PHILIPPE BOURGET

Polynésie2-Maupiti

Polynésie2-Maupiti
Crédit photo : PHOTOS PHILIPPE BOURGET

L’intérêt de la Polynésie… c’est l’avion. Oui, l’avion, épatant poste d’observation sur ce territoire aussi grand que l’Europe, parsemé d’îles-confetti noyées dans l’immensité Pacifique – 118 atolls, dont 88 habités. Entre Tahiti, Rangiroa et Maupiti, le survol en égrène plusieurs, témoins du mythe tropical autant que de la réalité polynésienne : Tetiaora, le paradis de Marlon Brando et son écoresort de luxe ; Makatea, l’ancienne île-phosphate laborieuse qui eut… son chemin de fer ; Mataiva, l’atoll-village de rêve situé au point ultra-occidental des Tuamotou ; Tikehau et son lagon bleu, si bleu ; Tahaa, l’île parfumée à la vanille ; Bora-Bora, l’icône touristique et ses resorts de luxe… À chaque escale, c’est le même rituel : l’aéroport hangar-paillotte, les passagers en tongs, les palmiers le long de la piste, le collier de fleurs aux arrivants…

Quinze jours à trois semaines, c'est le bon tempo pour visiter la Polynésie. En choisissant l’hébergement en « petite hôtellerie familiale », on gagne en proximité et en expérience de voyage ce que l’on perd en prestations et confort occidental. Cela vaut la peine d’essayer, tant la convivialité est de mise, même si le rapport qualité-prix de certaines adresses peut ici ou là décevoir pour cause de vétusté.

Fermes perlières et dauphins

Dans l’archipel des Tuamotou, à une heure d’avion au nord-ouest de Tahiti, Rangiroa est un passage obligé. Une île de rêve pour la plongée et l’observation animale. Après avoir apprivoisé le bungalow familial (aux Relais de Joséphine, au Coconut Lodge, au Raira Lagon ou chez le truculent Punua, sur son motu privé), pédalé sur l’unique route à la rencontre d’enfants ou de pêcheurs et découvert la ferme perlière Gauguin’s Pearl, l’une des 400 de Polynésie française, il est temps de partir en mer. Le ressac lancinant de la houle sur le récif corallien rappelle qu’il n’est possible de saisir la spiritualité – le fameux mana - d’un atoll qu’en partant voguer sur ses eaux.

Dans la passe de Tiputa, le ballet des grands dauphins est immuable. Profitant des courants de marées, ils bondissent dans les vagues entre océan et lagon. Un spectacle magnifique, à observer de près en bateau grâce aux prestataires spécialisés. Le grand dauphin mesure jusqu’à 3,5 mètres et peut peser jusqu’à 500 kilos. Une soixantaine de spécimens sont recensés dans cette partie de l’atoll et chaque sortie garantit d’en observer plusieurs.

Une heure de navigation plus tard dans le lagon, voici les ultimes récifs, couchés entre ciel et mer. Au passage, on aura croisé une barque de pêcheur cernée de requins-tigres et marché sur des coraux morts à l’allure de tsingy malgaches. Avant de filer sur un motu inhabité faire griller du poisson. Mahi mahi, carangue, thazard… les ressources du lagon et de l’océan sont pour l’heure inépuisables et les recettes sans limite, à l’image du poisson cru à la polynésienne ou du plus incertain fafaru, macéré dans l’eau de mer.

Les pêcheurs du dimanche iront observer sous l’eau l’éclatant décorum marin : les coraux, certes, bien que beaucoup aient blanchi ; le fretin, surtout, incroyable maelstrom de poissons arc-en-ciel, des curieux faisant amis-amis avec vous ou des craintifs mimant la roche au point de s’y confondre. Rangiroa est l’incarnation de l’atoll tropical, le deuxième plus grand au monde.

Un Bora Bora de poche

Maupiti vibre d’un autre mana. Celui qui guide une vie apparemment harmonieuse entre lagon et île-montagne, loin des turpitudes de Papeete. Après la platitude rangiroesque, voilà enfin du relief ! Sans atteindre l’intensité paysagère des îles Marquises, Maupiti est un Bora-Bora de poche, un îlot où le tourisme se conjugue encore à la mode locale, dépourvu d’hôtels de luxe et de clients Premium. Le transfert entre l’aéroport et la pension de famille donne le ton : bateau obligatoire à travers le lagon, peuplé de raies mantas !

Pour comprendre la philosophie lente qui irrigue l’âme de Maupiti, il faut séjourner chez Lahaina et Nelson Tavaearii. Jeunes mais déjà parents de sept tanés et vahinés (garçons et filles), ils ont quitté Tahiti pour « inculquer d’autres valeurs aux enfants, leur faire écouter le vent et les oiseaux ». « Ici, il existe une culture de la solidarité », se réjouit Lahaina, qui croit à la force spirituelle du sommet de l’île, « endroit habité », dit-elle. Habité, c’est aussi ce qu’est Ah Ky Firuu, artiste-musicien dont l’œuvre unique consiste à perfectionner une maison en coquillages, sorte de Palais Idéal du Facteur Cheval des antipodes. Maupiti, c’est la vie comme autrefois, four villageois traditionnel le samedi, messe élégante le dimanche, respect dû aux anciens et aux lieux de culte polynésiens, les fameux marae.

Tahiti garde la réputation d’une île de transit. C’est dommage, car elle recèle d’autres atouts. Deux exemples parmi d’autres : la vallée verdoyante de la Papenoo et le centre 'Arioi, à Papera, lieu de sensibilisation aux arts traditionnels, où les touristes sont les bienvenus… Il ne faut pas hésiter à s’abandonner à cette Polynésie des Polynésiens.

 

 

Philippe Bourget
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Source : Le Quotidien du médecin: 9660