Lors d’un « débat » relatif aux compléments d’honoraires demandés par certains confrères ayant des pratiques très pointues, j’ai entendu Monsieur Nicolas Revel, directeur de la CNAM nous dire que, gardien de la convention, il devait agir en sorte que tous aient un égal accès aux meilleurs soins sans que l’aspect financier n’en soit un facteur limitatif et, pour illustrer ses dires, que si quelqu’un roulait à 210 km/h sur autoroute, il se devait d’être sanctionné. Je n’ai pu m’empêcher de dire que, si au volant, c’était Schumacher du temps où il était champion du monde, (je suis un de ses fans) cela ne me gênait pas trop. Cette flèche, ce trait d’humour aurait pu faire sourire, cela n’a pas été le cas, mais, réflexion faite, il n’y a pas de quoi sourire. Cette image automobilistique est lourde dans son analyse.
C’est justement au nom de la vitesse que des firmes ont développé à coup de millions différents équipements comme le turbo, l’ABS, l’ESP, l’électronique embarquée… les ont mis dans des voitures de course, avec un pilote très expérimenté dans le baquet, dans le seul but initial de conquérir un titre de champion du monde, puis ont décliné le fruit de ces essais vers leur gamme de produit, de luxe, puis de haut de gamme et enfin vers des modèles plus conventionnels, tout venant, offrant à tout un chacun la sécurité et bien d’autres choses.
À poursuivre la métaphore, avec la protection maladie, on est obligé de faire le constat que la politique de la caisse voulant interdire à tous de rouler en Ferrari, à imposer les modèles à bas prix, a, s’agissant du médicament par exemple :
- fait apparaître des faillites d’officines, fait inimaginable il y a encore 10 ans ;
- tué la recherche, cela fait longtemps que je n’ai pas eu à faire le constat de la naissance d’une innovation thérapeutique (exception faite du traitement des hépatites, mais là ce n’est pas un laboratoire français qui est à l’origine) ;
- fait flamber le nombre d’épisodes de rupture de stock de médicaments…
S’agissant des médecins et leurs pratiques, si on ne laisse pas les riches financer des soins qu’eux seuls peuvent s’offrir aujourd’hui, alors la démocratisation des pratiques ne se fera pas et jamais le commun des mortels ne pourra en bénéficier, comme il bénéficie aujourd’hui des turbos, ABS, ESP, et autres électroniques embarquées…
Aujourd’hui, la Sécurité sociale est en faillite, et serait en liquidation judiciaire si elle était une entreprise de droit privé, elle n’a plus les moyens de financer des soins de haut de gamme.
Aujourd’hui, sanctionner les praticiens qui, en facturant le prix de leurs pratiques haut de gamme au motif que l’incapacité de la sécurité sociale à le faire, aujourd’hui, j’insiste, sur « aujourd’hui », revient à priver tout le monde de ses soins aujourd’hui, pour l’avenir, peut-être pour toujours.
C’est un peu comme si, il y a vingt ans au nom de l’incapacité les classes modestes à se doter d’ordinateurs, on avait interdit aux classes plus aisées d’en disposer, aujourd’hui personne n’aurait d’ordinateurs…
Alors de grâce, Monsieur Revel, ne faites pas Hara-Kiri à l’avenir en pratiquant une politique bête et méchante qui voudrait priver aujourd’hui les classes dites aisées (et qui ne demande rien à personne) de certains soins, soins qui ne pourront jamais se démocratiser, si on ne laisse pas ces techniques prospérer.
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